lundi, novembre 27, 2006
Vendredi 10 novembre 2006: back to Dakar à 8 dans un taxi-brousse...
Babacar, Moustapha et Ndiogou sont à la maison de la future épouse et nous y attendent. Un petit tour aux toilettes (un trou dans le sol, il s'agit de viser juste ;-) puis Cécile, Nabil et moi nous dirigeons vers la maison. Dans la cour intérieure de la maison se trouvent rassemblés une trentaine d'hommes du village (le père, la famille, ...) et Adama est assise au centre, couverte de la tête aux pieds par un drap; sa soeur est à ses côté. Elle doit écouter les hommes qui lui serinent ce qu'elle doit faire pour combler et honorer son mari, ses droits et (surtout) ses devoirs en tant qu'épouse. Tout est en wolof naturellement ce qui fait qu'il nous est difficile de comprendre, mais on arrive tant bien que mal à interpréter de quoi il s'agit.
Vu que la cérémonie va encore durer longtemps, je décide de retourner me promener dans Tankon. Je suis toujours une curiosité pour les enfants qui me dévisagent, me demandent une photo, me suivent ou s'enfuient. Chaque contact avec les gens est un trésor et je n'hésite pas à essayer de parler avec eux. C'est souvent difficile à cause de la barrière de la langue, mais je tombe également sur des villageois qui parlent un peu français, notamment avec le forgeron et ses clients à qui j'explique d'où je viens et ce que je fais ici. Je continue mon parcours au hasard, prenant une multitude de photos. Je suis tombé amoureux de ce village magnifique et me prends à rêver de venir m'installer ici, à élever du bétail ou cultiver un champs. On verra, who knows ? :o)
Vers 10h30, il semble que la cérémonie du matin est terminée et Babacar et ses acolytes réapparaissent (après avoir disparus toute la matinée à l'intérieur de la maison). C'est le branle-bas de combat. Dans l'agitation générale, une cinquantaine de femmes chargent leurs bagages et prennent place dans le bus que Babacar a loué pour l'occasion afin d'emmener la famille d'Adama jusqu'à Dakar. On aurait dit qu'elles prenaient des bagages pour 2 semaines, on ne comprenait pas la raison de prendre autant de sacs et de valises. C'est la cohue car il n'y a pas assez de place pour tout le monde, il faut faire un choix sur qui va accompagner Adama jusqu'à la capitale. Je rappelle que seules les femmes viennent. Quant à Babacar et Adama, toujours couverte du drap, ils prennent place dans la Mercedes du Bour du Rip qui va ouvrir le convoi.
Il est déjà 11h30 lorsque nous nous mettons en route. Cécile, Nabil et moi faisons partie des 8 passagers du taxi-brousse: ce n'est pas une Renault Espace, ni une 807, mais notre Peugeot 504 :o) Le voyage s'annonce long, très long: 600 km de routes africaines à 8 dans un break, sans air conditionné... Le thé ne fait plus effet et après cette nuit blanche, ils nous est difficile à tous de garder les yeux ouverts. Je discute un peu avec une cousine d'Adama pour essayer d'en apprendre plus sur la Casamance. Cette superbe région, divisée en quatre Royaume, était encore il y a peu le théâtre d'une guerre entre des rebelles indépendantistes et le gouvernement, qui a duré de 1982 à 2004 (!!). Sur la fin, on a même vu apparaître une rebellion au sein de la première rebellion (notion toute africaine), entre les rebelles partisans de la paix et ceux qui étaient contre. Bien que cette région ait récemment retrouvé un calme relatif, certains rebelles dissidents oeuvrent toujours, mais ils font plus office de bandits de grand chemin que d'indépendantistes à la noble cause. Notre chauffeur nous explique qu'il y a à peine un mois, tout près d'où nous nous trouvions, il est tombé dans une embuscade tendue par ces bandits qui lui ont pris son GSM et son argent avant de dévaliser ses clients. Voilà qui rassure!
Pire, ces rebelles ont versé pendant toutes ces années de guerre des milliers de mines anti-personnelles dans les champs, forêts et chemins autour des villages. Ces mines mutilent chaque année des dizaines de victimes parmi les villageois casacés, femmes, enfants, hommes, dont le seul tort est de se rendre à leur travail ou d'aller cultiver leurs champs.
Malgré ça, la Casamance reste une destination prisée et est considérée par beaucoup comme la plus belle région du Sénégal. Je regrette de ne pas avoir pu la visiter plus en profondeur, mais dès que j'en aurai l'occasion, j'y retournerais certainement.
Entretemps, ces discussion nous mènent déjà à la frontière Gambienne. Nous commençons à être habitués aux manèges des passeports et bakchichs, la route se passe sans encombre. Nous avons beaucoup de chance, nous arrivons à prendre le bac pour traverser le fleuve Gambie sans devoir attendre. Il y a relativement peu de trafic aujourd'hui. Ndiogou nous explique qu'il lui est déjà arrivé d'attendre UNE journée entière avant de pouvoir traverser le fleuve à bord du ferry. Arrivés de l'autre côté, il nous reste encore plusieurs kilomètres avant de déjà rejoindre l'autre frontière. Le garde-frontière gambien me demande si Cécile est ma femme. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous depuis le début du voyage ? Partout où nous allons, on n'arrête pas de nous prendre pour mari et femme. Quel beau couple dépareillé 8-) Certains nous souhaitent même un bon voyage de noces... ;-) Mais il faut dire ce qui est, Cécile remporte un succès certain au Sénégal et maintenant également en Gambie.
Quant au douanier sénégalais, il déclare en toute franchise à Cécile qu'il rêve d'épouser une femme française ! Cécile lui répond qu'en Europe, on a droit qu'à une seule épouse. Le douanier nous demande avec un brin d'espoir (et d'humour) si il est possible de "passer à gauche". Cécile lui dit "Ni à gauche, ni à droite, ni tout droit!". Et le douanier de conclure, dépité : "Ha bon? Pas de deuxième bureau alors ?".
Haaaa que la vie est dure en Europe...
Nous faisons une courte escale à Nioro et puis traçons jusque Dakar puisqu'on nous y attend au plus tôt. Manque de chance et coup du sort, la Mercedes qui transportait le couple de jeunes mariés a à nouveau connu une panne mécanique. Nous les dépassons, nous ne pouvons rien faire pour eux, ils ont appelé le mécanicien. A part cela, le reste du voyage se passe pas trop mal pour nous, le sommeil accélérant notre perception du temps, mais pas assez à mon goût. Impossible de dormir correctement dans ce taxi-brousse, à peine est-il possible de somnoler, assis, la tête dodelinant dans tous les sens. Inutile de résumer ce voyage de 600 km qui nous a pris la majeure partie de la journée.
Nous arrivons enfin à Dakar en fin d'après-midi, épuisés. On nous dépose d'abord, Cécile et moi (Nabil étant retourné à son hôtel) chez la cousine d'Adama où nous nous restaurons. Une heure plus tard, nous rejoignons notre maison d'accueil (à Baobab) afin de prendre la meilleure douche de toute la semaine! Ma peau est rouge de poussière, mes narines sont noires, mes cheveux tiennent debout tout seul. J'ai trouvé le meilleur gel naturel: 2 jours à 40°c à suer et prendre la poussière dans la brousse et... les cheveux deviennent secs comme de la paille et tiennent debout tout seul avec un naturel déconcertant. Extraordinaire! J'aime assez bien mon nouveau look de bourlingueur barbu ;-)
Après ce rafraîchissement nécessaire, nous apprenons qu'Adama et Babacar sont enfin arrivés à la maison, avec 3 heures de retard sur nous. Cécile et moi allons donc à Sacré Coeur car bien que la nuit soit déjà tombée, la journée est encore loin d'être finie: il reste encore un cérémonial traditionnel pour conclure le mariage. Lorsque nous arrivons, je suis surpris de voir monté juste devant la maison une tonnelle pouvant facilement accueillir une cinquantaine de personnes. Nous rentrons, beaucoup de monde de la famille de Babacar se trouve là. Je vais ci et là, parlant avec quelques personnes. Dans le garage se trouvent des femmes en train de cuisiner dans d'énormes casseroles (chaudrons ?) : en comptant la famille d'Adama qui arrive, il s'agit quand même de faire à manger pour une centaine de personnes !!! Je discute avec ces femmes qui me disent qu'elles sont les griottes "officielles" de la famille de Babacar, et que ce dernier descend d'une grande famille. Elles me répètent sans cesse qu'elles sont les griottes et que plus tard dans la soirée, il faudra que je leur donne de l'argent. Je le leur promets, afin de pouvoir m'en séparer ;-)
Pour passer un peu le temps, je me mets derrière le PC afin de raconter mes dernières journées exaltantes sur ce blog. Soudain, je me rends compte qu'il n'y a quasi plus personne à l'intérieur. Je m'enquiers de ce monde disparu: seules les femmes de la famille de Babacar sont restées à l'intérieur et se sont réunies dans la cour, barricadées derrière la porte d'entrée. Une forte agitation règne. Je sors par le garage pour voir ce qu'il se passe à l'extérieur. Les hommes quant à eux sont tous dehors, de l'autre côté de la porte, dans la même agitation. A ce moment nous assistons à une négociation entre les hommes laissés dehors et les femmes ne voulant pas les laisser entrer. Comme je l'ai déjà dit, ici la négociation et l'argent sont un jeu, j'en ai encore la preuve devant moi. Les hommes proposent 10000 CFA pour entrer alors que les femmes en exigent 50000 :o) La négociation se poursuit avec âpreté mais dans la bonne humeur et Moustapha le Capitaine, habile négociateur, arrive à faire ouvrir la porte pour 25000 CFA!
J'apprends en fait que Babacar se trouve dans une chambre à l'intérieur et que Adama est bloquée à l'extérieur. Les femmes exigent une somme d'argent pour la faire entrer, en guise de dédommagement du fait qu'une nouvelle rivale va s'installer dans la maison !
Dans la culture wolof, il est également courant d'insulter la nouvelle épouse lors de son arrivée dans la famille. Cette pratique qui peut nous sembler dégradante vise en fait à lui enlever son orgueil en la rabaissant et la préparer à la vie dure à venir. Je précise que ce ne fût pas le cas ici et qu'Adama ne fût pas insultée. Heureusement !
Après la négociation, Adama entre et rejoint son mari dans la chambre. Cette cérémonie se passe à huis clos, seule 2-3 personnes supplémentaires (dont le cousin de Babacar) peuvent se trouver dans la chambre. Un plat avec du lait et du mil se trouve au milieu; une dispute sous forme de course de vitesse s'ensuit (pour du rire !) et c'est celui des deux mariés qui avale la première cuillère de mil qui sera le dominant du couple (celui qui porte la culotte quoi) ! Inutile de préciser que c'est Babs qui a eu la première cuillère ;-) Après cela, les amoureux s'échangent une cuillère de mil.
Au dehors, la soirée se poursuit dans la bonne humeur et les griottes chantent... Le bus transportant la famille d'Adama arrive enfin. Le père de Babacar a prévu un demi-veau de 52 kg pour le repas!
mercredi, novembre 22, 2006
J'écris j'écris ;-)
Je promets néanmoins de finir ce blog au plus vite, d'autant plus que Babacar m'a dit qu'une fois le blog terminé, je serai invité à manger chez lui, ce qui me motive encore plus! :o)
Allez, j'ai encore 3 jours à raconter et je dois rajouter toutes les photos puis ce sera enfin terminé! Je vous tiens au courant...
Philippe
Jeudi 9 novembre, 40°c: Du Sénégal au Sénégal en passant par la Gambie
Alors que nous étions censé arriver relativement tôt (notion sénégalaise assez floue ;-) au village, nous nous réveillons péniblement vers 10h. Aujourd'hui, il va faire 40°c.
N.B.: un proverbe africain nous rappelle que: "En Afrique, le temps est élastique". Ce n'est que trop vrai, et j'ai peur d'en faire mon adage en Belgique...
Le temps de prendre notre déjeuner, la Mercedes sur laquelle le mécano travaille est censée être réparée. Inch'Allah comme on dit ici. Notre Peugeot 504 de la veille étant repartie pour Dakar, nous prenons possession d'une autre 504 (avec chauffeur) tout aussi crapuleuse, avec des petits détails à la Mad Max qui sont censés la rendre plus sportive et/ou agressive (je vous laisse juger sur la photo).
La première étape de cette matinée est d'aller à l'école de Nioro, dont une des tantes de Babacar est la directrice, pour offrir les nombreuses fournitures scolaires et ballons de foot offerts par tous les membres de l'équipe Billing du projet NRP (Electrabel). La réaction a été extraordinaire. J'aurais voulu que les gens qui ont participé à ces dons soient là pour voir le bonheur des instituteurs et des enfants. On nous a fait asseoir sur une petite esplanade et nous avons eu droit à un discours de remerciements de la part des instituteurs qui étaient vraiment émus et n'ont pas arrêté de nous remercier pour ce geste. Quand on voit ça, on regrette simplement de ne pas avoir pris plus de bics et de cahiers. Surtout quand on voit le peu de moyens à leur disposition.
Quand nous sommes arrivés, les enfants se sont approchés, puis lorsqu'une des fillettes plus téméraire a osé me serrer la main, ils se sont tous précipités sur nous en criant et en riant, débordant de joie, désirant à tout prix serrer la main des toubabs. Et lorsque nous sortions les appareils photo, c'était encore plus le délire général dans la cour de récré, chacun voulant absolument être sur la photo. Photo qui, dès que montrée grâce à la merveilleuse technologie des numériques, suscitaient autant d'étonnements que de rires. C'était tout simplement un moment merveilleux et émouvant.
Les ballons de foot firent autant d'émules et nous avons eu droit à quelques démonstrations de jonglage de la part de garçons d'une dizaine d'années certainement futurs footballeurs professionnels.
Pris par le temps (élastique, mais pas à l'infini) et nous promettant de revenir avec encore plus de fournitures la prochaine fois, nous quittâmes l'école, poursuivis par une horde d'enfants courant derrière la voiture en nous saluant de la main...
Nous rejoignons le Capitaine qui a récupéré son char d'assaut avec lequel il fait quelques tours de piste histoire de vérifier que la réparation est plus ou moins correcte...
Tout semble OK, l'aventure continue. L'équipe est comme d'habitude dispatchée entre les deux voitures et nous quittons Nioro, direction : la Gambie ! Destination : la Casamance ! Si vous regardez une carte du Sénégal (j'espère que vous l'avez quand même fait depuis que vous avez commencé à lire ce blog !), vous verrez que la Gambie est un petit pays enclavé dans le Sénégal, et qui s'étire le long du fleuve Gambie (d'où son nom, ha ha !). Son seul contact avec l'extérieur est sa côte Atlantique, et elle est fortement dépendante du Sénégal.
Le village où nous allons, et la Casamance en général, se trouvant juste en dessous de cette Gambie, il est donc plus simple de traverser ce pays en largeur plutôt que de le contourner. Contourner la Gambie prendrait plus ou moins 2 jours de route tandis que sa traversée prend au mieux quelques heures (au pire une journée en fonction des embouteillages). Nous devons néanmoins traverser le fleuve Gambie avec le bac (un ferry) , il n'y a visiblement aucun pont.
Nous arrivons à la frontière ; à partir de là va commencer tout un manège de « montrage » de passeport accompagné de quelques pièces ou billets. D'abord signer le registre de sortie du Sénégal et faire mettre un joli cachet dans son passeport. Ensuite, faire 500m, entrée en Gambie : un cachet dans le passeport en échange de 2000 CFA. On repart, 1000 m, puis on doit à nouveau s'arrêter pour acheter un droit de circulation sur leur territoire. 500 m, checkpoint militaire : on nous laisse passer, mais il faut « offrir » un thé au soldat.
En Gambie, ancienne colonie britannique, la langue officielle est l'anglais, mais tout comme au Sénégal, la langue véhiculaire est le wolof. Ça facilite énormément les choses lorsqu'il faut négocier les bakchichs.
Les routes sont asphaltées et en relatif bon état, mais quand même truffée de nids de poule et surtout couverte d'une terre rouge poussiéreuse qui supprime toute visibilité lorsqu'on se retrouve derrière une autre voiture.
Chose la plus étonnante : alors que la Gambie est enclavée dans le Sénégal, et par définition ne devrait être que sa continuité, les paysages sont totalement différents et on « sent » qu'on est dans un pays différent. Ce pays ne me laisse pas une très bonne impression et je suis content de devoir seulement le traverser sans y séjourner. C'est peut-être une fausse image, il m'est difficile de juger alors que je n'ai connu ce pays que quelques heures. Mais même les Sénégalais semblent ne pas porter ce pays dans leur cœur, à écouter les critiques qu'ils en font. Pour eux, les douaniers et policiers gambiens ne sont que des bandits déguisés.
D'ailleurs, à l'approche du fleuve, sous prétexte que nous ne nous sommes pas arrêtés exactement au panneau stop, un policier nous met une pseudo amende de 500 CFA. Nous arrivons enfin au fleuve, le bac n'est pas encore là et nous faisons une pause boisson en l'attendant, harcelés par les vendeurs ambulants qui veulent absolument nous vendre des essuies, des lampes de poche, du Viagra et autres médicaments. Je bois une gorgée de mon Coca et je sens quelque chose en bouche, je recrache directement. Une guêpe s'était glissée dans ma canette ; si elle avait piqué à l'intérieur de ma gorge, et vu le nombre d'hôpitaux au km² en Gambie, je ne serais certainement plus là pour écrire ceci…
Le bac arrive enfin, on charge les voitures et on monte à bord. La traversée est très courte (+/- 5 minutes). De l'autre côté, la route donnant sur le fleuve est en partie inondée et je suis toujours étonné de voir tous ces véhicules passer sans s'embourber (mais sans manquer de racler leur bas de caisse sur le sol rocailleux immergé). On se fait à nouveau arrêter pour je ne sais quel fausse raison.
Nous longeons quelques rizières situées à proximité du fleuve ; il ne reste plus beaucoup de chemin. Arrivés à la frontière, le manège recommence : cachet passeport, payer pour sortir de la Gambie, rentrer au Sénégal.
Nous voilà enfin en Casamance. Là également, à ma plus grande surprise, les paysages sont très différents de ceux vus auparavant. La Casamance est réputée pour être une des plus belles régions du Sénégal. Cela est certainement du au climat fort humide : il y pleut beaucoup, il y a de nombreux puits, tout cela explique la végétation luxuriante, le vert permanent, les nombreux arbres fruitiers et les cultures qui poussent sans problème.
Le village d'Adama n'est plus très loin. Nous nous arrêtons au marché car Babacar, pour respecter les traditions, doit venir au village avec entre autres du tissu, une chèvre et un sac de noix de Kola. Les noix de Kola sont très importantes au Sénégal et symbolise l'amitié.
On attache la chèvre sur le toit de la 504 puis on se dirige vers le village par de petites routes de sable qui nous rappelle notre épisode de la veille (la perte de la ligne d'échappement). Nous croisons quelques enfants qui nous regardent bizarrement, ils n'avaient jamais vu de Blanc.
Enfin arrivée au village de Tankon, vers 17h, après 3-4 heures de route. Et là, c'est la révélation. Nous entrons dans un superbe village de cases, authentiquement africain, ni électricité ni eau courante, je pénètre dans un autre monde (encore un monde différent du reste du Sénégal, qui constituait déjà pour nous, Occidentaux, un monde très différent), j'ai pris une machine à voyager dans le temps, je ne sais pas où je suis, mais je suis bien.
Je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie, mais je peux dire à tous ceux que Babacar a invités à son mariage et qui ont décliné pour de fausses raisons (« je n'ai plus de congé », « je n'ai plus d'argent », « je n'ai pas envie », « j'ai déjà un cinéma de prévu le week-end du 4 », …) que vous avez raté quelque chose d'unique, quelque chose qu'on ne vit qu'une fois dans une vie, une expérience que vous ne vivrez peut-être jamais (à moins d'avoir un autre ami sénégalais qui se marie traditionnellement avec une femme originaire d'un petit village en Casamance ;-)
Nous sommes accueillis par des villageois, et nous entrons dans la maison de l'oncle d'Adama, qui sera notre hôte. Nous nous couchons, on nous offre à boire, les gens défilent pour venir nous saluer. Les sages du village viennent voir Babacar, qui offrent les noix de kola. Les négociations commencent ; je ne comprends rien, tout est en wolof, mais ils discutent du mariage, des modalités, de la tradition (la tradition de mariage dans ce village est différente de la tradition que Babacar connaît dans sa famille), des épreuves que Babacar aura à remplir. D'après ce que je crois comprendre, Babacar doit donner de l'argent à des couturières pour faire un boubou à partir du tissu qu'il a apporté ; il doit également donner de l'argent à d'autres personnes, je ne sais pas très bien pourquoi. Ici, tout se marchande, tout s'achète, tout se vend, c'est un jeu. Les sommes sont généralement petites (de l'ordre de 1000 CFA) et donc symboliques, mais il est traditionnel de donner de l'argent pour tel service ou telle marchandise.
Les palabres vont encore continuer longtemps et Cécile et moi décidons d'aller visiter le village, avec un guide. Notre guide est étudiant en philosophie à Dakar, et est rentré à Tankon pour les vacances. Comme je disais plus haut, c'est magnifique. Les chemins de sable bordent les cases et les propriétés clôturées par d'inégales barrières en bois. Dans ce village habitent 2000 habitants ; il n'a pas l'air comme ça, mais il est très grand. Ici, tout est calme, c'est propre, c'est tranquille; quand on arrive de Dakar, c'est tout simplement le paradis. Les villageois sont accueillants, nous font entrer dans leur case, nous montrent leurs cultures, nous donnent quelques explications. La communication n'est pas toujours facile car peu parlent le français. Alors que nous entrons dans une case, nous entendons de la musique s'échapper d'une chaîne hi-fi. Mais comment font-ils sans électricité ??? Et là, ils nous montrent une batterie de voiture, connectée à la chaîne. Y a pas à dire, ils sont débrouillards ;-) Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Quelle n'est pas notre tête quand nous voyons, s'échappant de la végétation et bordant un chemin de sable, un… lampadaire d'éclairage public ! Ingénieusement alimenté par un panneau solaire (pivotant en fonction du soleil).
Nous continuons notre visite. Le village est autonome et vit en quasi-autarcie : ici on cultive le manioc, le mil, le maïs, l'arachide, les piments, les tomates, les mangues, les goyaves, les papayes, les bananes et j'en passe, sans compter le « pain de singe », le fruit du baobab (qui ressemble à d'énormes testicules, raison pour laquelle j'ai rebaptisé le baobab « l'arbre à couilles »). Ils élèvent également du bétail : moutons, chèvres, bœufs, poules pour se nourrir ainsi que chevaux et ânes pour se déplacer. L'excédent est commercé pour obtenir d'autres biens.
Pas question de communisme, chaque famille possède sa propriété, ses terres et son bétail.
Les cases sont comme on les imagine : ronde, avec des murs d'argile et des toits en paille. Les puits sont nombreux dans cette région riche en eau, et les habitants bénéficient en plus d'un forage, apportant de l'eau via un robinet public (le seul robinet du village).
Tout le monde se déplace à pied ou en charrette tirée par un âne. Nous croisons même de jeunes bergers d'une huitaine d'années galopant habilement à toute vitesse sur des chevaux sans selle. Pas de gaz d'échappement (ça fait du bien), mais le pendant animal : quelques crottes jonchent les chemins.
Les villageois sont agréables et avenants. Par respect, je n'ose pas les prendre en photo, mais c'est eux-mêmes qui demandent : « Toubab, photo ». La plupart des enfants ici n'ont jamais vu de Blanc de leur vie, vous imaginez donc leur surprise en voyant des hommes d'une couleur différente. Beaucoup sont curieux, parfois inquiets. Certains n'osent pas nous approcher et reculent, d'autres viennent tout sourire pour nous toucher, mais la majorité se contentent de nous suivre. Au cours de la promenade, nous étions tout le temps suivis par un groupe d'enfants, les nouveaux remplaçant ceux qui s'étaient lassés.
Nous avons également vu le hangar dans lequel sont stockées et torréfiées les arachides (l'arachide est la culture la plus importante au Sénégal), le premier dispensaire, une des mosquées, les puits, les fours (qui ressemblent aux fours à bois italiens),… Nous arrivons au nouveau dispensaire, construit « en dur », et bénéficiant de nombreux panneaux solaires sur le toit. A la sortie du dispensaire, nous sommes sur la « grande avenue » du village. L'école est en face, constituée de 3 bâtiments. Guidés par les tam-tam, nous arrivons à la maison de la famille de la mariée, où une centaine de personnes sont réunies, dans la cour intérieure, chantant, dansant… Nous y retrouvons la sœur d'Adama qui nous accueille à bras ouverts. Très honorés de notre présence, la foule s'écarte à notre passage et nous donne la meilleure place pour assister au « spectacle » de danse rituelle. Le danseur est accompagné par un « orchestre » de 4-5 personnes (tam-tam, sifflet, « banjo sénégalais », …) ; en nous voyant, il se met à danser pour nous, ne cessant de nous fixer. Nous nous sentons également honorés, face à tout cet engouement autour de nos personnes.
Au moment de partir, je me dirige vers le danseur et l'orchestre pour les remercier et je sers la main de chacun. Le danseur, face à moi, se met alors à danser. Yves le spécialiste de la danse sénégalaise n'étant point là, je me sens obligé de danser avec lui, devant l'hilarité générale :o) Je pense ne m'être pas trop mal débrouillé.
A nouveau, le soleil s'est couché trop vite et j'aurais voulu visiter le village plus en détails. Nous revenons à la case où se trouvent Babacar et les autres. Nous nous asseyons en rond dans la case et l'on nous apporte le repas. Cette fois-ci, on mange à la "roots style" ;-) = avec les mains. C'est une première pour nous, mais nous nous adaptons facilement à la tradition ;-) Le dessert se compose de semoule de mil avec du lait, mangé à la louche. Il est intéressant de noter que même dans le coin le plus reculé d'Afrique, on trouve toujours du Coca-Cola, Fanta et cigarettes. Haaaa les miracles de la mondialisation et les méfaits de l'américanisation ;-)
Après cette longue et très chaude journée, une petite douche s'impose. Au village, où il n'y a pas l'eau courante je rappelle, prendre une douche consiste à aller chercher de l'eau au puit, la mettre dans une bassine à l'arrière-cour d'une maison, et se rincer à l'aide d'une boîte à conserve, éclairé par une lampe-torche. Il faisait bon, et je me souviens que cette simplicité ne m'a pas semblé désagréable, au contraire. Je me suis même fait la réflexion, sans aucune ironie: "et dire qu'il y a des gens qui paient pour aller au Club Med!" ;-)
J'enfile mon nouveau boubou et je rejoins les autres, assis sur des matelas à l'extérieur. La suite du programme est assez floue, même pour Babacar, principal intéressé. A priori, il devrait être appelé au cours de la nuit pour passer certaines épreuves, ou chercher sa femme dans le village, ou participer à un conseil; mais personne ne sait vraiment ce qu'il va se passer, juste qu'on doit rester éveillés, et que Babacar ne peut pas quitter la propriété du cousin d'Adama. Ce sont les règles. Au loin la musique des tam-tams et les chants des griottes se font entendre, nous voudrions y participer mais Babacar ne pouvant pas y aller, nous préférons lui tenir compagnie, Cécile, Nabil, Moustapha et moi.
Pendant ce temps, des personnes de la famille d'Adama se succèdent auprès de Babacar pour le féliciter (toujours en échange d'un petit billet, telle le veut la coutume). Des griots viennent également chanter les louanges de Babacar et rappeler les exploits de ses ancêtres; nous avons également droit au chant d'un griot accompagné d'un instrument typiquement sénégalais et qui me fait penser à une sorte de banjo.
Entre deux visites et quelques thés verts plus tard, les discussions s'animent, surtout entre Cécile, Moustapha et Babacar, ces derniers essayant de convaincre (parfois avec malice et provocation ;-) Cécile des bienfaits de la polygamie. Cécile, qui se révèle être une féministe convaincue (Cécile, n'hésite pas à me contredire ;-) se défend bien et rentre dans le jeu. Nous avons droit à une joute verbale basée sur l'ouverture d'esprit et le dialogue. Nous nous amusons de ce petit jeu et n'hésitons pas à en remettre une couche. Moustapha, qui nous avoue fièrement avoir deux femmes et jusqu'à sept (7 !!!) maîtresses, ne tarit pas d'arguments prônant la polygamie. Je pense que c'est surtout une question de culture et d'éducation. Cécile aurait beaucoup plus à dire là-dessus :o) Cécile, qui se voit répondre "Tais-toi, tu n'es qu'une femme" de la part du Capitaine, non dénué de second degré.
La discussion se poursuit également sur les marabouts. Ces derniers sont très respectés, surtout en Casamance, et sont dotés de multiples pouvoirs, selon la croyance populaire. On nous relate donc des témoignages "sérieux", telle cette histoire de gris-gris qui empêcherait de se faire trouer la peau: Ndiogou a vu de ses propres yeux un homme portant ce gris-gris se faire poignarder mais impossible pour le couteau de rentrer dans le corps. La veille, le juge nous avait également raconté qu'il lui avait été impossible de lire un dossier en particulier, alors qu'il voyait clairement les objets se trouvant autour.
La discussion se calme, le Capitaine s'endort et nous restons là, couchés sur les matelas, à contempler la voûte céleste. J'avais rarement vu un ciel étoilé aussi beau, aussi pur. Nous n'en voyons jamais comme cela en Europe, simplement à cause de la pollution luminaire des grandes villes et de leurs éclairages. Toujours bercés par le son des tam-tams, nous comptons les étoiles filantes. Pour moi, cela constituait l'apogée de ce séjour, le plus beau moment (attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ;-) Tout était fortement appréciable et les différentes cérémonies de mariage valaient le coup d'être vécues, mais je dois dire que ce moment de calme dans ce village m'a particulièrement plu). J'aurais voulu partager ce moment incroyable avec les gens qui n'étaient pas là.
La nuit s'égrène, rythmée par le cérémonial du thé sénégalais, qui nous tient éveillés. Nous attendons toujours. Cécile et moi décidons de partir en éclaireur et d'aller voir ce qui se passe du côté des tam-tams. Alors que nous sommes un jour de semaine, à 3h du matin, encore plusieurs dizaines de villageois et d'enfants sont réunis autour des musiciens et des griottes, pour faire la fête, c'est tout simplement incroyable :o) Même dans le noir, on nous regarde bizarrement, nous les toubabs. Après avoir demandé nos prénoms, les griottes entonnent un chant en notre honneur, tout en essayant de nous faire danser. Nous restons une demi-heure à profiter de l'ambiance avant de revenir auprès de Babacar.
Babacar, qui nous demande, à Nabil et moi, si nous voulons une femme pour ce soir. Je n'en crois pas mes oreilles :-) Nous refusons poliment (rassure-toi Elise ;-) mais je lui demande pour quelle raison les Sénégalaises feraient ça, sans même nous connaître. Il me répond qu'il s'agit là d'un corollaire naturel de la fameuse "Teranga", l'hospitalité sénégalaise (sans limite visiblement). En tout cas Babacar, c'est gentil d'avoir proposé ;-)
La fatigue me gagne, je me couche. A ce moment, on vient prévenir Babs qu'on ne viendra finalement pas le chercher cette nuit et que nous pouvons aller nous coucher. Grosse déception, nous avons veillé toute la nuit. Mais c'était néanmoins la plus belle nuit de la semaine. Nous rentrons à l'intérieur pour nous protéger un brin des moustiques et autres bestioles. Chacun se couche mais impossible de trouver le sommeil, totalement excités par le thé sénégalais. Nous avons chacun bu 5-6 thés, très très forts. Ils nous fait l'effet de 10 Red-Bull ou 30 cafés de la machine à café Electrabel. Une idée de business me vient: distribuons du thé sénégalais chez Electrabel! Mais bon, en comptant une heure de préparation par thé, ça risque de coûter un peu cher.
Chacun se retourne dans tous les sens, vraiment impossible de dormir, mon coeur est à 120 battements par minute. Et Babacar se met à chanter, sur l'air du Petit navire: "Il était un petit toubab, il était un petit toubab, qui n'avait ja-ja-jamais bu de thé, qui n'avait ja-ja-jamais bu de thé, ohé ohé" :o))))
Je crois avoir réussi à m'endormir avec le soleil levant, vers 6h du matin, (heure à laquelle on était, dans le planning de départ, censé quitter le village pour rejoindre Dakar d'une traite ;-)
dimanche, novembre 12, 2006
Mercredi 8 novembre: Arrivée au royaume du Rip, rencontre avec une hyène et perte de pot d'échappement dans la savane
Il fait savoir que Babacar descend d'une lignée royale ! En effet, son grand-père maternel était le Roi du Royaume du Rip; le Rip est une grande région qui s'étend de Kaolack jusqu'à la frontière gambienne.
Nioro du Rip est une ville du Sénégal, située à environ 60 km au sud-est de Kaolack sur la Route nationale n°4 et à 27 kilomètres de la Gambie . La ville est d'une importance capitale pour le pays; d'abord sur le plan historique, c'était la capitale du Rip (royaume du marabout roi Maba Diakhou Bâ). Plus d'infos ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Nioro_du_Rip
Le Roi du Rip se dit Bour du Rip en wolof.
Le planning de départ est lever à 6h afin d'arriver en début d'après-midi à Nioro. Malheureusement, le cousin de Babacar aka "Le Capitaine" aka "l'Esclave" aka Moustapha aka le Bour du Rip qui était censé tout organiser a un peu loosé sur ce coup: il n'a pas trouvé de voiture pour tous nous emmener. Babacar passe la nuit a chercher après son cousin qui ne répond pas, et passe ensuite la matinée à chercher une voiture correcte pour nous transporter. Devant l'offre de Hertz de nous louer un superbe minicar de 14 places avec air conditionné (il fait plus de 35°c !) pour la modique somme de ... 500.000 CFA, on se rabat finalement sur une superbe Peugeot 505 de collection, qui servira de seconde voiture (la première étant toujours la Mercedes du Capitaine).
Départ vers 13h, avec seulement 6h de retard sur le planning ;-)
Voyage long, mais sans encombre, qui nous fait voir l'intérieur du pays. On traverse une forêt de baobabs ainsi que de superbes régions dignes de toutes les cartes postales de la savane africaine. Nous apercevons de temps à autre de très petits villages africains de quelques cases seulement.
La route est en bon état jusqu'à Kaolack, ce qui n'empêche pas Moustapha de rouler sur des obstacles qui semblent endommager la voiture (on entend de méchants bruits de roulement venant d'une roue arrière). Là-bas, nous faisons une pause avant de repartir. Nous traversons des salines, exploitées sur le lac de Kaolack. Nous continuons notre chemin, fatigué je m'endors dans la voiture...
Nous arrivons tardivement à Nioro du Rip; de taille entre village et ville, je la qualifierais de ville rurale ou de village urbain. Nous nous arrêtons dans la maison familiale, où on nous sert le repas. Vers 18h, on reprend la Mercedes pour aller visiter le village de Ndiogou et offrir du matériel scolaire à son école. Là commence une nouvelle aventure car le village est fort reculé et seule une simple route de terre avec de profondes ornières permet d'y accéder. Genre un 4x4 est très vivement conseillé! Mais on s'en fout, on y va :o) Le chemin est en effet assez chaotique et en très mauvais état. On a droit à un superbe coucher de soleil dans la savane. On croise une charrette; on continue notre chemin et là on se retrouve quasi nez à nez avec... une hyène (une vraie! :o). Visiblement, elle suit la charrette en espérant peut-être faire d'un de ses occupants son repas du soir... Brrrrrr. Pas farouche, elle s'arrête et nous observe. Nous nous arrêtons, la prenons en photo (mais ça ne donne pas grand chose: flash pas assez puissant, on ne voit que ces deux yeux jaunes perçant l'obscurité, tel un maléfique djinn).
Nous redémarrons. Puis paf pastèque, la voiture rencontre un obstacle, cale net et nous sommes projetés en avant. Nous sortons de la voiture et on se rend compte qu'on s'est pris une souche d'arbre sur le bord. Plus inquiétant, le pot d'échappement est tombé. C'est pas grave, Moustapha et Ndiogou le refixe. Je ne peux s'empêcher de penser que la hyène n'est pas très loin derrière...
La voiture, plus costaude que jamais (superbe pub pour les Mercedes d'antan!) redémarre sans broncher, mais le Capitaine nous confirme que la direction a dû prendre un sale coup; en effet, le volant est difficilement contrôlable et la voiture bouge pas mal. On pense d'abord qu'une roue avant est voilée. Nous apprendrons le lendemain que l'essieu avant était carrément cassé et qu'il faudra le remplacer entièrement !!! Malgré ça, la voiture roule toujours.
La nuit est maintenant tombée (comme je le disais, c'est très rapide, en 30 minutes il fait nuit noire). Et nous continuons donc à suivre ce sentier perdu, nous croisons un troupeau de bétail et son berger, le village n'est pas loin.
Enfin nous y sommes, après une heure de brousse en berline. C'est un village traditionnel africain comme on l'imagine. Ce qui me frappe, c'est que même au fin fond de la brousse, il y a toujours une grande mosquée sur la place du village. A notre grand désespoir, il fait nuit noire et il est difficile de distinguer quoi que ce soit, dans ce village reculé et naturellement sans électricité. Nous faisons la connaissance des villageois et les saluons; puis à l'aide de lampes de poche, nous allons visiter l'école du village dont Ngiodou est le directeur. Ils ont deux classes "en dur" et encore deux classes sous un toit en paille. Nous rencontrons les six professeurs du village et discutons avec eux. Au Sénégal, les instits sont placés par le gouvernement, c'est pourquoi il arrive que des instits qui ont toujours vécu dans une grande ville comme Dakar se retrouve parfois en poste dans un village reculé à 500 km de leur famille, et sans les technologies auxquelles ils sont habitués. C'était le cas d'un des instits ici, qui nous confesse qu'il lui a fallu quelque temps pour s'adapter.
On n'a malheureusement pas le temps de rester car on nous attend encore pour manger. Au moment du départ, nous croisons des enfants qui n'avaient jamais vu de toubab. Ils nous dévisagent d'abord, puis ils se précipitent tous en même temps pour nous saluer et nous toucher. Vraiment incroyable! Nous repartons avec notre voiture brinquebalante, nous en avons encore pour une heure de route cahoteuse, et la voiture fait réellement un sale bruit mécanique. Après un bout de chemin, un bruit de frottement commence à se faire entendre, quelque chose traîne derrière la voiture, puis boum chkling. On s'arrête et on remarque que cette fois-ci, c'est la ligne d'échappement entière qui est tombée :o) Impossible à refixer ici, Moustapha et Ndiogou se débrouillent pour essayer de tout placer dans le coffre. Et moi de rire nerveusement du burlesque de la situation. C'est vraiment trop surréaliste! :o) On finit par rejoindre la route asphaltée, mais l'essieu avant étant toujours en souffrance, on ne dépasse pas les 20 km/h, dans un bruit d'échappement assourdissant.
Miracle ou maraboutisme, on croise sur la route (totalement déserte) le mécanicien du Capitaine. Le Capitaine qui nous certifie que c'est le destin qui l'a placé sur la route (pourquoi pas ;-) Le mécano va prendre la voiture et la réparer demain matin car nous devons partir tôt pour rejoindre le village de la dulcinée!
On atteint enfin Nioro et on rejoint Babacar qui s'effondre devant l'état de la voiture: on devait la prendre pour partir à l'aube et aller en Casamance. Tout son planning européen (départ à 6h) tombe à l'eau. Je me rends compte que les roues avant de la Mercedes forment un angle de 20-30° vers l'extérieur... L'essieu doit vraiment être salement arrangé. Le plus incroyable est qu'elle a tenu. Encore un peu, on restait coincé dans la brousse et on dormait dedans!
Trêve de bavardage, il est déjà 22h et nous sommes attendus chez les invités d'honneur du mariage: un couple d'amis d'Adama. Toute l'équipe est là: Babacar, Nabil, Cécile, Moustapha, Ndiogou et moi. Ils avaient préparé une table à l'occidentale (avec des assiettes, des couverts et des verres), c'est la première fois depuis le séjour, mais en bon néo-sénégalais, nous avons préféré manger notre couscous (marocain) de façon authentique ;-). Nous avons terminé le repas avec du couscous sénégalais ; il est différent du couscous marocain, dont la semoule est à base de farine de blé, tandis que le couscous sénégalais est à base de farine de mil. Je trouve ce dernier plus sec et surtout plus lourd. Ensuite, nos hôtes nous font passer des albums de photos de leur mariage et du baptême de leurs enfants. Le chef de famille, dont les portraits ornent les murs du salon, a fait des études de droit et est devenu président du tribunal de Nioro. Au moment de quitter, vers minuit, il nous propose de faire une courte visite de la ville (by night). Il n'y a pas beaucoup d'animation (pas de bar, pas de boîte, c'est très rural) mais nous voyons les endroits importants de Nioro. Et nous terminons au... tribunal: il réveille le gardien pour nous faire visiter. Une fois dans le tribunal, Babacar prend naturellement place dans le box des accusés avant de jurer sur l'honneur qu'il dira toute la vérité, devant le président qui siège. Rien à voir :o)
La soirée prend fin. Babacar, à la sensibilité européenne, nous a gentiment réservé une chambre dans ce qui doit être le seul "hôtel" de la région. Nous prenons place dans nos chambres certes au confort spartiate, mais qui bénéficient d'une salle de bain correcte et de ventilateur de plafond, un luxe indispensable par cette chaleur.
Nabil et Moustapha prennent une chambre, Cécile et moi prenons la seconde. Babacar ne manque pas de nous rappeler: "Tout ce qui se fait au Sénégal reste au Sénégal". Merci Babacar, mais ce ne sera pas nécessaire. Je sais que dans tous les coins touristiques, on nous prend, Cécile et moi, pour un couple de jeunes mariés en voyage de noce, mais je jure que c'est resté platonique jusqu'au bout (Cécile ne me trouve pas assez dynamique ;-).
Après avoir chassé les crapauds locataires précédents, je me couche sur mon lit au coussin dur comme de la pierre. Le matelas s'enfonce de 20 cm sous mon poids et le lendemain matin, mon dos me fait savoir que j'ai dormi à même les planches de bois.
Etant en région tropicale et après avoir lu un peu de doc sur la malaria, cela m'a convaincu de ne pas vouloir attraper cette saloperie de maladie. Mais impossible de fixer la moustiquaire dans la chambre, je décide donc de me momifier avec, en espérant que ce sera quand même utile. Je me regarde et je me dis que je ressemble vraiment à la proie d'une araignée, entortillée dans son fil de soie, de la tête aux pieds.
Ainsi s'achève une nouvelle journée pleines d'aventures, d'anecdotes et de souvenirs...
mercredi, novembre 08, 2006
Mardi 7 novembre 2006: Mamelles et canons de Navarone...
Ensuite, visite anecdotique d'un pauvre zoo où les animaux croupissent dans des cages trop exiguës.
Nous partons pour le port afin de prendre le bateau pour visiter l'île de Gorée, l'île aux esclaves. Départ à 12h30. Nous arrivons au port à 12h29 et nos deux chauffeur/escorte (de la famille de Babacar) ne trouvent rien de mieux que héler un marchand ambulant pour regarder les DVD (piratés of course) qu'il vendait.
"Heeeeeu on n'avait pas un bateau à prendre ??"Tranquillous, pas pressés pour un sou, ils remettent les DVD au marchand car comble du tout, ils n'achètent rien :-)
Arrivés à l'embarcadère à 12h35, on doit encore acheter les tickets, c'est la course. Heureusement que le bateau part avec 10 minutes sénégalaises de retard... ;-)
L'île de Gorée est maintenant l'île de nombreux artistes sénégalais au look jamaïquain. Mais c'était pendant 300 ans l'île des esclaves. C'est-à-dire l'île où étaient acheminés, triés, vendus et exportés vers les Amériques plus de 30 millions d'esclaves capturés en Afrique. On a visité la "Maison des esclaves" et appris un peu plus sur cette partie de l'Histoire trop souvent oubliée. Quand on voit les conditions de vie de ces pauvres gens, on se rend bien mieux compte de ce qui s'est passé. A voir, absolument.
Entracte.
Si ça vous tente, lisez ceci:
http://www.dhnet.be/publication
Retour sur la terre ferme dans l'après-midi. Avec Babacar, Nabil et Cécile, on décide d'aller au marché. Ce marché ferait passer la Batte (marché du dimanche liégeois) pour une superette de luxe. Entre les ordures qui jonchent le sols et les taxis qui te frôlent se dressent des centaines d'échoppe et des milliers de m² de tissus. On négocie 2-3 tenues sénégalaises qu'on obtient pour 3000 CFA (ça fait 4,5€ le pantalon + boubou): hey les gars, ça y est, c'est le moment de passer vos commandes !!!
On termine en achetant des noix de coco fraîches à un vendeur qui nous les ouvre à la machette; on boit d'abord le lait de coco avant de terminer de l'ouvrir pour en manger la chair (200 CFA la noix, soit 30 cents).
On rentre, on se prend encore quelques délires dans un taxi sénégalais aux rétroviseurs extérieurs intacts, mais sans rétroviseur intérieur, et sans ceinture, ce qui vaut à Babacar de négocier car il estime sa sécurité lésée. Quand Babacar lui fait remarquer qu'il n'y a pas de rétroviseur intérieur, le chauffeur extirpe fièrement d'une boîte le rétroviseur en question, comme si le simple fait d'avoir le rétro quelque part dans la voiture, même si il n'est pas fixé, le rendait utilisable... Le chauffeur nous explique que le contrôle technique est tous les 6 mois.
A la maison, Cécile se fait faire des tresses par les soeurs/cousines de Babacar pour coller au paysage... 3 heures de travail (et de pause qui me permettent d'écrire ;-). Et Yves vient partager son dernier repas avec nous avant son départ pour Bruxelles; on aura passé de bons moments. Nous ne sommes plus que 3 toubabs: Cécile, Nabil et moi.
Nous partons demain matin pour 3 jours dans le village de Babacar, à la frontière Gambienne. Nous allons ensuite traverser la Gambie pour arriver en Casamance (sénégalaise) dans le village de la femme de Babacar, où il devra, selon la coutume, chercher sa femme à travers le village pendant que les villageois tenteront de l'en empêcher. Bref, un grand jeu de cache-cache en perspective :-) Donc pas d'internet et plus de post pendant les 3 prochains jours (jusque vendredi). Mais vu la longueur de ce post, il vous faudra certainement 3 jours pour le lire!
J'éspère que vous êtes arrivés au bout sans trop de mal. Je vous rappelle l'adresse du blog: http://phil-at-senegal.blogspot
Je vais faire plus tard quelques posts sur la vie à Dakar, des observations différentes de nos activités journalières.
Phil qui tente une OPA d'EBL sur la Senelec
Lundi 6 novembre 2006: Senegal Fast-Food, taxi supersonique, cancer du poumon et anniversaire à la sénégalaise...
Tout d'abord, grande et bonne nouvelle, j'ai enfin eu le temps de mettre mes messages sur un blog avec quelques photos, ce sera plus lisible. Encore une fois, n'oubliez pas de faire suivre ce message à ceux dont je n'ai pas l'adresse pro.
Voici le blog tant attendu: http://phil-at-senegal.blogspot.com/
Je vous ai laissé dimanche soir après cette journée de farniente. Nous voici lundi 6 novembre, jour de mon anniversaire... :o)
Aujourd'hui, on va faire la "Petite Côte", c'est-à-dire longer la côte atlantique (quelle autre ?) de Dakar vers le sud, jusqu'à Joal Fadiout, à 115 km de Dakar.
Nous sommes 8 à partir, nous avons donc besoin de deux voitures (avec chauffeur, svp! ;-). Une des voitures est la vieille Mercedes de "l'esclave" de Babacar (l'esclave est un concept sénégalais assez intéressant, mais très bon esprit, j'expliquerai plus tard ce que c'est), tandis que l'autre voiture est un taxi. Les taxis sont tellement peu chers ici qu'on a eu un taxi pour carrément toute la journée ! Un taxi sénégalais aussi fou que les autres, et qui nous a donné de nombreux fous rires :o)
Départ à 9h. 9h sénégalaise auquel il faut ajouter le coefficient de l'heure sénégalaise pour avoir la vraie heure. D'habitude, tu rajoutes 1h. Mais cette fois-ci, ils se sont mis à l'heure italienne puisqu'on est parti avec seulement 1/2h de retard. On décide de petit-déjeuner ensemble dans un "restaurant" sénégalais. Grande aventure s'il en est.
Notre taxi a comme qui dirait un problème avec la 1ère vitesse. Une fois à l'arrêt, il est impossible de passer la 1ère. Le chauffeur doit donc arrêter son moteur, mettre la première vitesse, puis redémarrer. Vous imaginez ce que ça donne au milieu de bouchons à Dakar, où on s'arrêt tous les 5m ? Oui, exactement, notre taxi coupe son moteur et le redémarre de manière incessante, sous nos rires de plus en plus francs. A un moment, pour ne plus devoir s'arrêter, il s'est mis à rouler sur les trottoirs (pas beaucoup, faut pas exagérer non plus ;-).
Comme le veut la "loi de l'interexclusivité de la mécanique Dakaroise":
"Si dans ton taxi tu as un bon démarreur, tu ne peux pas avoir une bonne boîte de vitesse. Et vice versa"Prof. Y. Crombéba.
Il est vrai qu'on a pu vérifier que les taxis avec une excellente boîte de vitesse ne devait pas couper son moteur car ils ne redémarraient jamais! CQFD.
Après 1 pénible heure de bouchons matinaux pour sortir de Dakar, on s'arrête dans le "resto" typique sénégalais. Une sorte de vieille gargote sans enseigne, en bord de route. On rentre et prend place sur de vieux bancs en bois autour de l'unique table du "resto" dont on chasse les mouches. La cuisinière est à table, elle nous prépare des oeufs cuits dans un bain d'huile, elle nous passe des baguettes emballées dans du papier journal (on a eu la rubrique des sports), en même temps, elle prépare le café.
Après cet intermède, nous reprenons nos véhicules et continuons notre voyage le long de la Petite côte. Une grande portion d'autoroute où le taxi roule pied au plancher. On voudrait connaître la vitesse, mais c'est impossible car comme tout bon taxi sénégalais qui se respecte, l'aiguille du compteur de vitesse (comme tout autre compteur du tableau de bord) reste désespérément bloquée à 0.
On remarque qu'au-delà d'une certaine vitesse, tout le taxi commence à trembler et la carrosserie se met à vibrer - nous comprenons enfin ce que ressentent les pilotes de chasse lorsqu'ils traversent le mur du son: un sentiment de joie, grisé par la vitesse quasi supersonique de ce taxi mêlé à la crainte de voir se détacher la portière passager et se voir aspirer hors de ce taxi supersonique. Cela nous permet donc d'avoir une évaluation approximative de la vitesse de ce taxi: un peu moins de 1000 km/h (cela dépend également de la pression atmosphérique). Le seul moment où nous devons stopper est pour laisser passer une sorte de buffle qui siégeait fièrement au milieu de la route et que nous n'avons osé écraser vu qu'il pesait plus que notre tas de ferraille.
Après avoir traversé Mbour, nous arrivons à Joal, la ville du président Senghor (grand homme, grand poète africain, grand président). A sa mort, Chirac a dit:
"La poésie vient de perdre un maître, le Sénégal un homme d'état, l'Afrique un visionnaire et la France un ami."Nous nous arrêtons à Fadiout, l'île coquillages. Ile artificielle étonnante, créée par poldérisation il y a plus de 1000 ans et qui repose sur des tonnes de … coquillages. Incroyable mais vrai, si on creuse jusqu'à 8m de profondeur, on trouvera encore des coquillages. Toute l'île en est composée de coquillages qui crissent sous nos pas. L'île est reliée par un unique pont; la mer peut également être traversée en pirogue.
Comme vous le voyez, on y trouve tout: un Super-U, les Mousquetaires, Auchan, un Carrefour et même les Galleries Lafayette !!! Extraordinaires ces sénégalais :o)
Nous visitons également le cimetière mixte de cette île, superbe cimetière où tombes catholiques et musulmanes, couvertes de coquillages, se côtoient. L'île est un modèle de tolérance où cathos et musulmans vivent en harmonie. Le long de cette île-cimetière sont garés ce qu'ils appellent les "cabriolets à deux roues" (en fait de simples charettes). J'ai décidé d'échanger un de ces cabrios à 2 roues contre le mien à 4 roues.
Yves nous livre alors déjà son premier exploit de la journée: nous étions accompagné par deux jeunes soeurs/cousines/parentes de Babacar, dont une avait repéré un beau coquillage dans l'eau que le pont "île coquillages - île cimetière" surplombait. N'écoutant que son courage, sa galanterie et son côté dragueur, il n'hésite pas et saute par-dessus le pont. Une fois dans l'eau (marée basse, je précise), il pêche donc ce merveilleux coquillage (valeur dans un des Auchan de l'île: 2 euros à marchander) qu'il offre à la princesse. Joli exercice qui nous a permis de voir tous ses muscles en action, merci Yves. Charmée, la princesse lui accorda un baiser (sur la joue) et a décidé de garder ce coquillage qui trône fièrement sur la plage arrière de la voiture (l'odeur allait avec ;-)
Voilà pour l'épisode Joal-Fadiout. Sur le retour, on veut visiter la maison du président Senghor, mais le gardien est parti manger. Ce sera pour une autre fois. On a faim, Babacar veut nous faire découvrir le hamburger sénégalais dans un fast-food (là, vous mettez Sénégal Fast food de Amadou et Mariam). Le fast-food en question ne respecte pas vraiment les sévères normes d'hygiène du McDo (aucun McDo au Sénégal soit dit en passant), mais on se contente d'un délicieux hamburger qui nous convient parfaitement. La légende veut que les Américains aient inventé le hamburger après un voyage au Sénégal. A vérifier...
On repart, quitte à longer la côte, on voudrait voir la mer, on voudrait se baigner. On passe par Saly (aussi Saly-Portugal). Saly est la station balnéaire par excellence, construite pour et autour des touristes. Elle constitue l'un des plus grand complexes touristiques d'Afrique de l'Ouest. En y roulant, on voit d'ailleurs en 30 minutes plus de toubabs (vieux et gras) qu'en 5 jours à Dakar! Vous aurez compris que cela n'est pas pour nous, nous vrais aventuriers, nous quasi-natifs de Dakar, notre seconde résidence, notre ville d'adoption. Bon, je m'emballe ;-)
Et c'est là que Yves nous livre son second exploit (et de loin le meilleur) :o))).
Vous vous souvenez de notre taxi à la première vitesse récalcitrante ? Yves profite que notre taximan a quitté son véhicule (pour demander le chemin) pour vérifier cette histoire. Il s'ssied derrière le volant, enclenche la première du premier coup, et c'est parti pour un petit tour de fou, la Crombette s'en donne à coeur joie, l'espace d'une minute, roule autour d'un arbre, fait demi-tour sur la route, devant le sourire du taximan et surtout l'air courroucé d'un.... militaire qui nous court après. Et c'est parti, on se fait arrêter, vas-y pour expliquer au militaire qu'Yves (qui n'avait pas son permis sur lui) vérifiait la première vitesse. Babacar intervient, part avec le militaire qui veut dresser un PV, mais qui veut surtout un bon bakchich. Babacar ne se laisse pas démonter et lui explique que son père connaît le grand commandant machin-chose, ce qui finit par convaincre le militaire qui tient à son bon job... :o)
Enfin, on sera bien marré et le taximan ne nous en veut pas du tout, il était même plutôt amusé par la situation! :o))
Après ce passage de comique surréaliste, on repart vers Toubab Dialow, en quête d'une plage. Après avoir une nouvelle fois traversé le mur du son avec notre taxi et dépassé nombre de 504 break remplie de locaux (jusqu'à 8 dans ces voitures d'un autre âge), nous dégotons une petite plage sur laquelle une bande de jeunes joue au foot. C'est pas la plage de rêve, route cabossée pour y arriver, immeubles en construction mais abandonnés, restes de sacs de ciment sur la plage... Mais bon, on s'en contente. Quoi de mieux que de se baigner dans l'océan Atlantique à 30° sur un superbe coucher de soleil.
Pour terminer, Ndiogou nous fait une démonstration de lutte sénégalaise dont Yves est la pauvre victime, soulevé comme un fétu de paille.
Le soleil s'est couché (incroyable, ici le jour passe à la nuit en moins de 30 minutes !!!), il est temps de rentrer, on a encore une heure de route (ici, 100 km = 2 heures de taxi supersonique).
On approche de Dakar (en même temps que 100000 autres personnes) et là, c'est l'enfer. Vous vous plaignez des embouteillages de Bruxelles ? Faites ceux de Dakar, et un pot d'échappement bruxellois vous semblera une source d'air pur de montagne ! Pour du vrai. J'ai failli mourir asphyxié dans mon taxi (une mort bien triste, n'est-il point ?), mais une chose est sûre, même si je suis toujours vivant, j'ai perdu 5 ans d'espérance de vie et je vais revenir en Belgique avec un cancer du poumon. En une heure, j'ai respiré plus de gaz et de métaux lourds qu'en 25 ans de citadinerie... :-)
Quelques pauvres Banas-banas (les vendeurs à la sauvette) essaient de faire leur commerce au milieu de ces gaz, vendant cacahuètes, eaux, cartes de GSM ou, top du top... des superbes moumouttes à volant! Je suis tombé amoureux d'une moumoute à volant aux couleurs sénégalaises que je vais fièrement mettre sur ma voiture. Le temps de négocier le prix (rien ne s'achète au prix proposé ici), le trafic redémarre, notre chauffeur démarre: imaginez ce pauvre vendeur courant sur 500m accroché à la vitre de notre voiture pour finaliser la transaction, qui ne se fera malheureusement pas. Tristesse de ma part de ne pas avoir l'objet convoité, mais également peine authentique pour ce pauvre vendeur que nous avons fait courir pour rien au milieu de ces gaz.
La nuit n'était pas noire, elle était d'un gris bleuté, celui des nuages de gaz éclairés par les phares des voitures. 4 bandes de route sur lesquelles se disputent 5 à 6 bandes de voitures sans pot catalytique, de bus préhistoriques, de camion consommant 50 litres aux 100. Naturellement, toutes vitres ouvertes. Ces taxis n'ont bizarrement pas encore l'air conditionné et ne parlons pas de la fonction "circuit fermé". Il y avait autant de gaz d'échappement dans notre chambre à gaz sur roues qu'à l'extérieur. Je me couvre le nez et la bouche de mon chapeau, mais ça ne change pas grand chose. Gorge irritée, yeux brûlants, je sens que la fin est proche... Et là, miracle, on s'extirpe tant bien que mal de ces embouteillages :-)
Bon d'accord, j'ai un peu dramatisé, mais ma description est assez proche de la réalité, sans vouloir me plaindre. D'un autre côté, j'en garde un souvenir excellent car le surréalisme total que nous a offert ce court épisode a été à l'origine de nombreux fous rires - peut-être étaient-ils aussi dus à la trop grande absorption de ces gaz euphorisants et hallucinogènes.
Enfin de retour à la maison. Ce soir, notre famille d'adoption nous a préparé une grande soirée pour mon anniversaire et celui d'Emilie, la soeur de Yves. Cela s'est fait chez la seconde maman de Babacar (là où je loge) où nous avons été reçus comme des rois (bours en wolof). Entrée, plat de couscous, viande et... frites (??!?), dessert, j'ai cru que j'allais exploser. Je pensais que c'était enfin terminé quand le gâteau d'anniversaire est arrivé, j'en pouvais plus. Mais nous avons réellement été super bien reçus, comme si on faisait partie de la famille. Le tout naturellement mâtiné d'une franche ambiance sénégalaise, ça chante, ça rit, ça palabre, ça vit. Nous avons ovationné et applaudi la cuisinière pour la remercier de son accueil.
Il faut savoir qu'ici, on nous gave comme des oies depuis le début ;-) On petit-déjeune à 11h, on déjeune vers 15-16, on dîne vers 21-22h, parfois encore après. toujours des quantités astronomiques. Et quand tu manges normalement, on te dit que t'as rien mangé et qu'il faut manger plus... ;-)
Je vais revenir avec 10 kg en plus, vous voilà prévenu...
Voilà donc pour cette journée du 6 novembre, j'espère que vous ne vous êtes pas endormi ;-)
Je vous laisse avec un clip qui retrace en rythme ce que nous vivons... Attention! Nos amis Sénégalais insistent fortement pour qu'on dise que la chanson est chantée par des Maliens, et que ça n'a rien à voir avec la musique sénégalaise ;-) Mais ce clip a néanmoins le mérite d'avoir été tourné à Dakar, avec tout ce qui la caractérise...
...
C’est au Mahattan fast-food Dakar Sénégal cinéma le Paris,
Demain je serais parti,
La gare Dakar, Bamako Mopti
Y’a pas de problèmes? Tout va bien
Aujourd’hui je me marie, j’ai confiance
Amoul solo, Gao, l’Algérie, Tunisie, Italie.
Il n’y a pas de problèmes, j’aime !
J’ai au Manhattan fast-food Dakar Sénégal cinéma le Paris
Ascenseur pour le ghetto
Il est minuit à Tokyo
Il est cinq heures au Mali
Quelle heure est-il au Paradis ?
Il est minuit à Tokyo
Il est cinq heures au Mali
Quelle heure est-il au Paradis ?
...
mardi, novembre 07, 2006
Pour respecter la tradition du planning sénégalais, les projets de ce dimanche (dont se lever à 8h pour parcourir la petite côte) ont été abandonnés au profit d'une journée... au bord de la piscine d'un hôtel 5 étoiles! :o))))))) Haaaaaaaa là je dis pas non. On se baigne dans une superbe piscine à 30° entourée de cocotiers et avec vue sur l'océan. Le luxe, hôtel clairement réservé aux riches businessmen et aux touristes occidentaux (environ 90€ la chambre, ça va encore pour nos portefeuilles européens - mais ça correspond environ au salaire mensuel moyen d'un sénégalais).
A midi (ou plutôt 15h), buffet. Mais je passe plus de temps aux toilettes qu'à table. ça y est, j'ai le "rhume des fesses" comme disent si poétiquement les Sénégalais :o) J'aurais tenu 2 jours, je ne suis pas un surhomme :-(
Après le repas, je m'allonge et je profite d'une sieste délicieuse (certaines mauvaises langues diront que je dors tout le temps - mon nouveau totem est "marmotte"). Pendant ce temps, les autres ont l'idée géniale de faire un match de foot... pieds nus sur... un terrain de tennis en brique pilée. Inutile de dire que le match n'a pas duré longtemps et qu'ils sont vite revenus boitant, les pieds couverts de cloches. Babacar et Thomas sont les plus gravement atteint et quelques photos témoignent de leur douleur. Pas sûr qu'ils danseront ce soir.
On rentre à la maison vers 20h, on mange tranquillement. Plus tard dans la soirée, on raccompagne Raouf, Marilyn et Thomas qui reprennent déjà l'avion vers Paris ou Bruxelles après seulement quelques jours passés sur place.
C'était vraiment une journée de farniente. Et j'arrête là mon récit, pour ceux qui ont lu jusqu'au bout.
Je vais essayer de mettre tout ça sur un blog pour que ce soit plus lisible (paraît qu'on lit pas les accents dans les mails que j'envoie...)
Salut les amis, voici le deuxième volet de mes aventures sénégalaises.
Bon, je vous ai laissé à vendredi 3 au moment du dîner. Que s'est-il passé depuis ? Des milliers de choses... Et c'est parti pour la suite du récit...
Donc, vendredi 3, 23h, on vient de finir de manger notre couscous en rond dans le salon. La suite de la soirée consiste à aller dans le quartier de la future mariée pour des concours de danse: une sorte de joute entre la famille du marié et celle de la mariée. Vraiment incroyable.
Mais reprenons au début. Un bus a carrément été affrété pour tous nous emmener dans le quartier de la mariée. Que voit-on arriver: une vieille camionnette Mercedes d'un autre temps (je vous enverrai des photos), totalement déglinguée (à la sénégalaise ;-). On s'est mis au moins à 40 dedans, sur des bancs en bois 8-) Une ambiance de fou, absolument géniale, on s'est mis à chanter, à taper sur le toit, ça rigolait, extraordinaire. On était une quarantaine, de la famille de Babacar, mais sa famille est infinie donc cela ne représentait qu'une minorité. Par contre, il y avait une très grande majorité de femmes...
A minuit, départ chaotique, tentative de démarrage du bus à la manivelle, heureusement qu'on était en pente, démarrage en peine, rien à voir.
Petite description du bus: naturellement aucun rétroviseur latéraux, des autocollants d'icônes religieuses plein le pare brise, les portes se ferment grâce à un simple... verrou! :o)
Le trajet dure à peu près 1/2 heure, on chante, on tape, on rit, la bonne ambiance assurée.
On arrive enfin dans le quartier de la future femme, où 50-100 (? je sais pas, je compte mal) personnes nous attendent. On est assis sur des chaises disposées dans le sable, des tam tam jouent, un animateur chante. On s'assied, les tam tam jouent (ils jouaient déjà avant), puis s'opère un manège difficilement compréhensible pour tout non initié: quiconque assis dans l'assemblée, quand il se sent porté par les tam tam, se lève et se met à danser. D'autres personnes (principalement des femmes) n'hésitent pas à rejoindre la piste et danser tout autant. Parfois, c'est l'hystérie est 20 femmes courent pour danser de manière frénétique, parfois tout le monde danse simplement au rythme des tam tam, quand on en a marre, on se rassied. Nous toubabs (les toubabs sont les blancs) nous faisons régulièrement inviter à danser. Yves et Cécile trouvent particulièrement facilement le rythme.
Petite précision: toujours faire attention à ne pas fixer une Sénégalaise trop longtemps car cela équivaut à du flirt. Si les regards se croisent et ne détachent pas assez rapidement, gaffe à la suite! Surtout quand c'est une superbe Sénégalaise à la taille de guêpe ;-) Elles sont d'ailleurs assez agressives, elles n'hésitent pas à venir vers toi, te tirer sur la piste de dance pour danser avec elle. Interdiction de refuser! Elles agrippent parfois ta chemise avec force pour attirer ton attention.
Yves a d'ailleurs réussi à se faire approcher et se laisser glisser à l'oreille un "Yassaf" lancé par une Sénégalaise aussi jeune que jolie. A-t-il résisté ? C'est lui qui vous le dira...
Nous sommes restés sur place jusque 3h du matin à danser, bercés par les tam tam et les chants des griottes. Les griottes sont des poétesses d'un certain âge, très ancrées dans la tradition sénégalaise, et qui sont présentes aux cérémonies traditionnelles. Je vais essayer de trouver plus d'explications les concernant.
Retour difficile au bercail, tout le monde étant assommé par la fatigue. Ceci était une cérémonie de pré-mariage (?) Ce qui est sûr, c'est que les Sénégalais ne s'arrêtent jamais quand il faut faire la fête.
Après une nuit rendue difficile par la chaleur étouffante, rebelote samedi. C'est le grand jour, le jour du mariage. Mais uniquement la partie fête du mariage.
Je vous explique: le mariage religieux, et donc le seul mariage officiel chez les musulmans, a eu lieu il y a plusieurs mois (on ne sait pas quand exactement), sans la présence des intéressés. Seuls les hommes des deux familles se réunissent à la mosquée pour décider si oui ou non ils acceptent le mariage des deux futurs époux. Les amoureux n'ont aucun pouvoir de décision là-dedans, et en l'occurence, peu importe si ils sont à l'autre bout du monde.
On enfile nos boubous (les vêtements traditionnels Sénégalais), et en grand amateur , j'ai même droit à mon petit chapeau... :-) Mon boubou état fort grand pour moi, je ressemble plus à un sac de patates sur pattes qu'à un Sénégalais ;-) Et lorsqu'on a réunit tous les toubabs dans leur boubou (identique), on avait plus l'air des Dalton en cavale qu'à autre chose! Puis hop dans les taxis, direction à nouveau le quartier de la mariée. Grande chance, notre taxi tombe en panne, mais à la destination. Quand on a quitté 5 heures plus tard, le taxi était toujours en rade au même endroit.
Une fois arrivé, on prend place, exactement au même endroit que la veille au soir. Un grand chanteur sénégalais est là pour chanter et faire des impros qui sont des ôdes aux personnes qui lui donnent de l'argent. A nouveau le même manège que la veille, beaucoup de danses.
La mendicité est partout et est même devenue un jeu: le chanteur, les griottes et les danseurs viennent et demande ouvertement de l'argent aux invités pendant chaque prestation.
Vers 17h, on se réunit à une vingtaine (!) dans un petit salon qui peut contenir maximum 8 personnes assises. On attend le repas (on n'a plus mangé depuis le p'tit déj'): 4 plats de thiébou yapp arrive (riz sénégalais avec de la viande de mouton), on s'assied par terre, en rond, par petit groupe autour de chaque grand plat et on mange.
Quand on quitte la maison, on est un peu assailli par des mendiants. Heureusement Babacar nous a bien prévenu avant: "ne donnez rien, ne prenez pas d'argent avec vous, il ne faut pas donner"
On rentre à la maison; on a été 3 fois au même endroit, aucun des taximen n'a pris le même chemin! Cette fois-ci, le taxi nous fait passer par la route qui longe la plage. Ce n'est pas vraiment une route, c'est un chemin de terre truffée de nids de poule, la plage nous laisse une bien triste vision: voitures abandonnées et désossées, déchets omniprésents, odeur prenante, maisons non achevées, ça ressemblait à un bidonville, avec vue sur l'océan Atlantique.
Arrivés à la maison, on quitte nos boubous pour rentrer dans un bon vieux costume à l'européenne. Direction la réception, qui se donne au Yengoulene, la boîte de nuit de Youssou N' Dour: http://www.yengoulene.com/
Babacar arrive avec sa très très très ravissante épouse dans une très très très longue limousine blanche (y en a que 2 dans tout Dakar).
La soirée se passe bien, mais la salle n'est louée que jusqu'à 23h, on presse donc les invités de manger rapidement et d'offrir leurs cadeaux. La délégation belgo-franco-portugo-tunisienne est remerciée moultes fois, ils sont très honorés qu'on ait pris des billets A-R juste pour le mariage de Babacar. Yves a inventé rapidement une chanson pour Babacar qu'on a tous chanté sur scène. Je laisserai les paroles plus tard.
C'est mon premier mariage à l'eau et au jus de baobab. No champagne here. Sur la table des mariés sont disposées quelques bouteilles de Coca, Sprite, Fanta, mises en évidence comme s'il s'agissait du dernier luxe.
Au bar, on arrive à chiper 4 bouteilles de bière Flag, qu'on a pu négocier car nous étions des toubab, camouflées dans un bac à glace avec des pailles dans chaque bouteille pour ne pas choquer les gens présents à la cérémonie.
On quitte donc vers minuit, on se demande où on va sortir après. Moi, je suis trop fatigué, je décide de quitter en douce ;-) Surtout qu'on nous promet de devoir se lever à 8h du matin le lendemain. Tous les autres sortent au Kilimandjaro, jusque 4h' du mat', heure à laquelle le nouveau marié décide enfin de les rejoindre! Too late. La soirée semblait plus ressembler à une séance de sauna d'après ce qu'on m'a dit.
Salut à vous tous les Electrabeliens, la famille, les amis, et les autres...
De notre côté, tout va bien. Superbe voyage avec SN (que je recommande): Gin Tonic, vin blanc et Cointreau avant d'atterrir au pays "sans alcool". Ils ont passé "Le diable s'habille en Prada" dans l'avion, ça rentabilise un peu le prix du billet ;-) (bon, ça c'était un détail inutile)
Arrivée à Dakar sans encombre, chaleur écrasante: 30°. Les Sénégalais sont très sympas, ouverts, accueillant, souriant!
Mais c'est un autre monde, totalement dépaysant. Me suis déjà fait arnaquer de 10€ à l'aéroport... L'oncle de Babacar (le collègue qui nous a invité à son mariage) est venu nous chercher (Cécile et moi) et un gars a porté nos bagages alors que je pensais qu'il était de la famille de Babacar - puis naturellement, ils nous a demandé (exigé) un pourboire pour avoir poussé le chariot sur 50m. On veut lui donner une pièce d'euro, mais il dit "non non, des petites coupures, c'est bon - donne 10€". Bref, le gars a fait sa journée... (le salaire moyen ici pourrait être de 50€ par mois!; une bonne gagne 30€ par mois, un taximan 80€/mois. Donc 10€ = une fortune)
Puis "promenade" en "taxi" jusqu'à la maison de Babs. Les routes, c'est n'importe quoi, les taxis la folie, toutes les bagnoles sont défoncées de partout, Carglass ferait fortune ici et les assurances feraient faillite. Les bagnoles roulent n'importe comment, dans tous les sens, brûlent les priorité,... C'est génial! :-) Notre taxi qui avait oublié de tourner à un croisement s'est arrêté 100m plus loin et a carrément fait marche arrière pour reprendre la rue ratée. Tout ça naturellement sur une petite route à 2 bandes par heure de grand trafic.
On a retrouvé notre Yves le Hollandais, pareil à lui-même: cet homme qui dit lui-même être tombé dans le gingembre quand il était petit ;-) ne sait plus où mettre ses yeux (en attendant de mettre ses mains). Le vieux mateur se régale, il a du mal à garder les maisn en poches! :p Et faut dire qu'il a pas tort parce qu'il y a de quoi avoir des difficultés à résister aux charmes Sénégalais ;-) (bande de vieux fripons, je vous vois venir, oui j'enverrai des photos!)
On est arrivé sans encombre dans la maison de la famille aux yeux bleus. Comme je disais, très sympas, souriant, accueillant. Il était 16h et on nous a directement servi à manger (du riz avec du poisson et des boulettes de poisson - je vous donnerai le nom de plat plus tard): c'était très bon. Puis on a fini avec un bon thé à la menthe.
Ici, ils vivent on ne sait à combien. Y a des enfant et des jeunes partout. Yves nous a expliqué que dans sa chambre, ils étaient une demi-douzaine. Et encore une dizaine d'enfants qui dormaient dans le salon. C'est très chouette, très familial, toujours de l'ambiance. Ils s'enflamment pour un rien, un peu de musique et hop, à 20 dans le salon à danser. Et Yves et Cécile ne sont pas en reste. J'ai des videos qui prouvent que Yves a le rythme sénégalais dans la peau. Excellente ambiance.
Sinon, on a transporté mes bagages dans la résidence de la "deuxième maman" comme ils l'appellent, à 20 minutes de la première maison. J'ai le privilège d'avoir une chambre pour moi tout seul.
Babacar nous a également fourni nos "costumes" pour le mariage. On va avoir l'air de vrai Sénégalais. Ou pas.
On apprend peu à peu mais difficilement le wolof...
Pour le moment, on se pose, il ne se passe pas encore beaucoup de trucs.
Là, on s'apprête à sortir, mais comme tout bonne organisation sénégalaise, y a pas intérêt à demander des détails sur l'heure ou quoi que ce soit. Ici, no stress...
Bon, je vous laisse, on passe à table: on est une dizaine autour de la table basse du salon et on mange dans le plat commun. Un énorme plat de couscous méchoui (délicieux!) et même un plat de ... frites sénégalaises! Attention, elles font concurrence aux frites belges
@ bientôt pour de nouvelles aventures...
Phil le neo-dakarien. Voire pas du tout.
P.S: les moustiques n'ont pas attaqué et toujours pas la tourista. Attendons un jour. ;-)