samedi, décembre 30, 2006

New blog : http://phil-in-senegal.blogspot.com !!!!

This blog was a first draft.
Please read my adventures in Senegal on this complete blog:
http://phil-in-senegal.blogspot.com/

Thank you.
And enjoy the reading...

Phil

dimanche, décembre 10, 2006

Dimanche 12 novembre: dernier jour au Sénégal

Et nous voilà déjà au dernier jour de ce séjour, riche en émotions et en découvertes.

Alors que Cécile s'est levée aux aurores pour repartir à la recherche des derniers cadeaux qu'elle n'a pas encore trouvé, je profite d'une grasse mat' bien méritée ;-) Je me lève et prends un solide petit déjeuner impossible à refuser (comme d'habitude ;-). C'est également l'occasion de discuter une dernière fois avec notre famille d'accueil. Mamarie me demande si j'ai une femme, je lui réponds que ma petite amie est en Belgique. Elle veut savoir pourquoi elle n'est pas venue avec moi et je lui dis qu'elle avait beaucoup de travail et ne pouvait malheureusement pas m'accompagner. Mamarie me demande alors si j'ai trouvé une femme ici au Sénégal. Quand je lui réponds que non (et que je n'ai pas cherché), elle me promet que la prochaine fois que je viens au Sénégal, si je ne suis pas marié, on me donnera une femme ici et je me marierai au Sénégal. Ha ben voilà qui est cool! :o) Une fiancée en Belgique et une épouse au Sénégal, c'est parfait ça! :o) Bizarrement, c'est le père de Babacar qui explique à sa seconde femme que me marier au Sénégal ne serait pas très sympa pour Elise.
Enfin, voilà une discussion qui m'a encore amusé, de par cette différence culturelle et cette manière de voir les choses!

Entretemps, Cécile est rentrée de sa énième sortie shopping avec Moustapha et enfin tous les cadeaux espérés. Nous préparons nos bagages et nous apprêtons à quitter cette charmante maison du quartier de Baobab ainsi que la famille qui nous aura accueilli pendant ces 10 jours. Nous faisons nos adieux à tout le monde, échangeons nos adresses email avec les soeurs de Babacar. Mamarie, qui est couturière, offre à Cécile un habit fait sur mesure et prend mes mesures pour me confectionner un boubou qu'elle m'enverra une fois terminé.

Il est midi, Moustapha nous emmène à Sacré Coeur pour y déposer nos bagages. Le programme de cette dernière journée est: le lac Retba (mieux connu sous le nom de lac Rose) et quelques coins de Dakar pas encore vus. Nous aurions beaucoup aimé visiter la réserve naturelle de Bandia, mais celle-ci se trouve à 2 heures de route et on doit compter 2 heures de visite. Si on compte les embouteillages sur le retour, on a de bonnes chances de rater l'avion. Dès lors, on a eu du abandonner avec tristesse l'idée de ce projet. J'espère que j'aurais l'occasion de le visiter plus tard.

Nous partons avec la Mercedes increvable; il faut une heure de route avant d'arriver au Lac Rose, il fait toujours aussi chaud. Il semblerait que nous ayons de la chance car le lac est réellement rose alors que, d'après une personne sur place, le lac était bleu les derniers jours.

Le lac Retba était auparavant relié à la mer et c'est il y a seulement une trentaine d'année que l'avancée des dunes l'a séparé de l'océan. Le lac Rose est un grand lagon de 3km², peu profond, entouré de dunes et situé à quelques centaines de mètres de l’océan Atlantique, à 35 km au nord-est de Dakar. Sa couleur est due à une cyanobactérie, animal microscopique qui fabrique un pigment rouge pour résister à la concentration de sel. Il n'y a plus aucun poisson ou coquillage car l'eau est particulièrement salée : 380 grammes par litre (!), ce qui permet de flotter tout comme dans la mer Morte. Le sel est exploité depuis les années 1970.
Les hommes, dans l'eau jusqu'à la poitrine et le corps enduit de beurre de karité pour protéger leur peau de la salinité corrosive du lac, cassent avec un piquet appelé "Djodj" les croûtes de sel déposées sur le fond avant de le ramasser à la pelle pour remplir les pirogues d'une capacité d'une tonne et demie.Les femmes sont chargées de débarquer les pirogues, le sel est entassé sur les bords pour sécher et blanchir au soleil pendant 4 jours. Les 24.000 tonnes de sel extraits chaque année servent à la conservation du poisson et sont principalement vendus aux pays voisins.

Nous restons moins de 15 minutes à contempler le lac et écouter les explications d'un guide improvisé, qui nous montre également une source d'eau à quelques mètres du lac. Cette petite oasis est d'une eau incroyablement claire à côté de celle du lac et on y trouve quelques poissons et grenouilles, qui ne peuvent survivre que dans ces quelques mètres carrés.

Au moment de rejoindre la voiture, nous nous faisons assaillir par les nombreux vendeurs. Après que l'un m'ait accosté et que je lui dise que je n'ai plus d'argent, il me propose tout simplement de lui donner montre en cadeau. Ben allons-y, n'ayons pas peur! ;-)

Nous reprenons la direction de Dakar. Il reste deux dernières îles qui me tentent pas mal: l'île des Madeleines (ou îles aux serpents), sorte de petite réserve pour oiseaux, et l'île de Ngor, petite station balnéaire. Nous approchons de cette dernière et nous contentons finalement de se promener sur la plage de Ngor, sans traverser jusqu'à l'île, toute proche. Ngor se situe à proximité du quartier des Almadies, un des quartiers les plus chics de Dakar. Les expats habitent généralement dans ce coin et on y remarque en effet pas mal de jolies villas. La Pointe des Almadies, qui constitue la partie la plus ouest de l'Afrique, est d'ailleurs et malheureusement la propriété du Club Med et réservée uniquement à ses gentils membres.

Nous décidons finalement de faire également l'impasse sur l'île des Madeleines. Sur le retour, à proximité des Mamelles, nous nous arrêtons chez un vendeur de plantes en bord de route. Raouf nous a en effet demandé de lui rapporter un baobab. En les voyant, je trouve que c'est enfin un cadeau original digne d'être rapporté en Belgique. On en achète 4, que je négocie moi-même :o) Et visiblement, je commence à apprendre la négociation à la sénégalaise ;-) Mise à prix du baobab à 2000 CFA, je lui en donne 1000 CFA. Le vendeur refuse et me les fait à 1500. Je lui dis que j'en prend plusieurs et il me les vend à 3 pour 4000 CFA. Je finis finalement par en acheter 4 à 5000 CFA :o) Ils sont super beaux, j'espère que j'arriverai à les conserver en Belgique!

Nous retournons à Sacré Coeur. C'est l'effervescence, Babacar et Adama se dépêchent de faire leurs bagages pour repartir en Europe. Pendant ce temps, Adama nous donne à regarder leur album de mariage, déjà réalisé, et contenant toutes les photos des cérémonies. Nous mangeons rapidement un dernier repas sénégalais.
Babacar sort de la chambre, c'est la métamorphose: il est passé en 30 minutes de son boubou sénégalais à des habits européens, portés avec toute l'élégance qui le caractérise. Le consultant est ressorti! ;-)

Il est déjà 20h et nous sortons les valises et les sacs pour les charger dans les deux voitures qui vont nous emmener à l'aéroport. Les adieux sont émouvants, on s'est vite attaché. Juste avant le départ, toute la famille se réunit, en cercle devant la maison, mains jointes, et procède à une prière pour que le voyage se passe bien et souhaiter le meilleur à Adama et Babacar.

Nous arrivons à l'aéroport. Alors que Babacar, Cécile et moi prenons le vol SN pour Bruxelles, Adama prend Air France pour Paris. Ce n'est que le lendemain qu'elle prendra le Thalys jusque Bruxelles. Petite erreur de coordination.

Première épreuve au check-in: nous avons droit, à trois, à 120 kilos de bagages mais Babacar a avec lui au moins 6 valises bien remplies. Cécile et moi avons pour 40 kg mais il s'avère que Babacar a avec lui au moins 100 kg de bagages. Incroyable! :-) Il fait un choix rapide et remballe vers la voiture un sac décidé superflu. Ouf.

Nous embarquons et décollage immédiat à 22h50, retour en Belgique. Le vol est bien moins agréable qu'à l'aller. Alors que l'équipage était réellement charmant à l'aller, j'ai eu affaire cette fois-ci à des hôtesses assez rustres. Comme tout voyage de nuit en avion, le confort est spartiate et impossible de dormir en position assise; ça promet pour le lendemain. De plus, n'ayant plus de jour de congé, je suis obligé de me pointer au boulot; ça va être dur dur, je le sens.

Nous atterrissons enfin à Bruxelles vers 5h50 du matin. Je suis encore habillé léger, d'une simple chemise, ce qui n'aide pas pour un matin de novembre belge... Le temps de récupérer nos valises, il est déjà 6h30. Je suis crevé mais je préfère aller au bureau immédiatement car je me connais: si je dors deux heures, je n'arriverais pas à me lever. Le taxi nous dépose Cécile et moi et nous laissons repartir Babacar et ses milliers de valises (je sais pas comment il a fait pour tout monter dans son appart!).

Je récupère ma voiture et arrive chez Electrabel vers 7h. Record battu, première fois de ma vie que j'arrive si tôt :o) ça risque pas de se reproduire. La journée est light, il s'agit juste de reprendre pied dans mes affaires après 10 jours d'absence.
Et voilà comment se termine cette merveilleuse aventure. Comme toujours, ça aura passé trop vite et on n'aura pas eu le temps de voir tout ce qu'on voulait voir. Voilà une jolie raison de retourner dans ce pays !

Même si le choc des cultures et l'adaptation sont parfois difficiles pour un Européen en Afrique, je garde néanmoins un souvenir magnifique de ce voyage, qui comme je l'ai souvent répété, était une occasion unique de découvrir ce pays et sa richesse humaine et culturelle par le biais d'un mariage traditionnel. Ce n'est pas enfermé dans un club à touristes que j'aurais pu vivre tout cela ;-) On voit les choses différemment lorsqu'on vit avec une famille locale.

Je remercie encore Babacar pour nous avoir invité, je remercie toute sa famille ainsi que celle d'Adama pour leur accueil sans faille et je remercie tous les Sénégalais rencontrés pour leur hospitalité.

J'espère que vous aurez pris plaisir à lire ce blog et vivre ce qu'on a vécu là-bas. N'hésitez pas à me faire vos commentaires ou à me contacter pour plus de détails...

@ bientôt,

Philippe

mardi, décembre 05, 2006

Samedi 11 novembre: shopping in Dakar et dernier jour de mariage


Nous touchons à la fin du séjour, aujourd'hui est le dernier jour du mariage qui se sera étalé tout le long de cette semaine, divisé en plusieurs cérémonies toutes différentes.

Après les derniers jours éprouvant, une bonne nuit de sommeil et une grasse matinée sont les bienvenues! (oui, je sais, on m'appelle la marmotte ;-) Je me lève vers 10-11h, petite douche, puis petit déjeuner: c'est jour de fête, on me sert du foie... Mmmmmmm :o) Et Mamarie qui me répète sans arrêt depuis une semaine: "Il faut manger!". Ben oui, mais j'en peux plus. J'ai tellement mangé depuis le début du voyage que je n'ai rien avalé ces deux derniers jours. Pas parce que ça ne me plaisait pas (j'aime beaucoup cette cuisine sénégalaise que j'ai pu découvrir), mais simplement parce que je n'avais plus faim. Je pouvais donc rester deux jours sans manger car mon estomac était encore rempli des repas précédents ;-)

Sur le coup de midi Cécile et moi quittons Baobab pour aller à Sacré Coeur. Le chapiteau est là, devant la maison; un DJ est là pour l'occasion, il branche son matériel et procède aux tests. Je passe un peu de temps à l'intérieur. Les invités commencent à affluer, les femmes ont revêtu leurs plus beaux habits.

Cécile n'ayant pas encore trouvé de cadeaux à ramener en Belgique, un des cousins de Babacar est d'accord pour nous accompagner dans les magasins du centre-ville. Nous voilà partis en taxi à la recherche de souvenirs pour Cécile. Je l'accompagne car j'ai envie de voir des coins de Dakar non encore explorés. Une fois arrivés dans un quartier commerçant, on part en quête de tableaux, boubous, statuettes, etc. On se fait très vite assaillir par tous les marchands. On m'avait prévenu qu'ils étaient collants et acharnés, mais à ce point... Mais bon, je prends ça à la rigolade et je m'amuse (sans méchanceté) des ficelles et arguments déployés pour me pousser à acheter:
« Je n'ai rien vendu de la journée », « Demain c'est dimanche », etc. etc. Il est d'autant plus amusant d'entendre que tous les vendeurs usent des mêmes phrases et rengaines. Je décline à chaque fois poliment tout en répondant aux questions incessantes: « Comment tu t'appelles ? D'où viens-tu ? Combien tu donnes pour ça ? Regarde, c'est très beau. Tiens, c'est cadeau... » J'adore aussi voir strictement les même objets vendus à chaque coin de rue comme étant des pièces uniques et rares, et surtout à
chaque fois à des prix différents, pouvant aller du simple au quintuple (pour la même chose). La négociation s'avère finalement assez facile je trouve: il suffit simplement de ne pas se montrer intéressé par l'objet et de refuser chaque prix proposé. On voit ainsi en moins de dix minutes le prix être divisé par trois.
On nous emmène même dans un artisanat de sculptures en bois: tellement authentique qu'on y a vu plus de toubabs en 15 minutes qu'en une semaine de nos périples :o) Cécile y achète deux statuettes, mais pense s'être faite avoir.
Après presque deux heure de visites et de shopping, de palabres en tout genre et de négociations sans fin, de stratégies de vente usées et d'arguments désabusés, je commence à fatiguer devant ces vendeurs incessants qui, persuadés que tous les Européens sont dotés d'infinies richesses et de portefeuilles sans fond, finissent par exiger de l'argent quand ils n'arrivent pas à vendre leurs produits. Mais bon, le tout est de le prendre avec humour et de garder le sourire ! :o)

Je n'en peux plus et nous finissons par rentrer. Il est 18h. Lorsque nous arrivons à la maison de Sacré Coeur, la fête bat son plein. L'ambiance est toujours au rendez-vous, les griottes et divers membres de la famille alternent discours, chants et danses. Il est toujours difficile de comprendre ce qu'il se dit vu que tout est en wolof.
Babacar ne participe pas activement et reste un peu en dehors, il me dit qu'il est très fatigué, ce qui se voit.
Un peu plus loin, un boeuf est égorgé afin d'être servi au repas. Je ne mettrai pas les photos car elles sont un peu gores ;-)

Ensuite vient le moment des offrandes. La famille de la mariée défile et offre de nombreux cadeaux destinés aux jeunes mariés ainsi qu'à la famille de Babacar : tissus, draps et vêtements, casseroles et bassines, valises, etc.

La soirée est avancée et il est déjà l'heure pour Nabil de partir prendre son avion pour Paris. Nous sommes encore remerciés publiquement une dernière fois.

La soirée se termine tout doucement et peu après, nous rentrons à Baobab, fatigués.




lundi, novembre 27, 2006

Vendredi 10 novembre 2006: back to Dakar à 8 dans un taxi-brousse...

Nous avons passé une quasi nuit blanche la nuit dernière. Les sages sont venus chercher Babacar au petit matin pour continuer le cérémoniel. On vient nous réveiller "en urgence" vers 8h du matin, il s'agit de quitter le village au plus vite car la route jusqu'à Dakar est encore longue et la maman de Babacar a préparé à manger pour midi! (Pure utopie... ;-)
Babacar, Moustapha et Ndiogou sont à la maison de la future épouse et nous y attendent. Un petit tour aux toilettes (un trou dans le sol, il s'agit de viser juste ;-) puis Cécile, Nabil et moi nous dirigeons vers la maison. Dans la cour intérieure de la maison se trouvent rassemblés une trentaine d'hommes du village (le père, la famille, ...) et Adama est assise au centre, couverte de la tête aux pieds par un drap; sa soeur est à ses côté. Elle doit écouter les hommes qui lui serinent ce qu'elle doit faire pour combler et honorer son mari, ses droits et (surtout) ses devoirs en tant qu'épouse. Tout est en wolof naturellement ce qui fait qu'il nous est difficile de comprendre, mais on arrive tant bien que mal à interpréter de quoi il s'agit.
Vu que la cérémonie va encore durer longtemps, je décide de retourner me promener dans Tankon. Je suis toujours une curiosité pour les enfants qui me dévisagent, me demandent une photo, me suivent ou s'enfuient. Chaque contact avec les gens est un trésor et je n'hésite pas à essayer de parler avec eux. C'est souvent difficile à cause de la barrière de la langue, mais je tombe également sur des villageois qui parlent un peu français, notamment avec le forgeron et ses clients à qui j'explique d'où je viens et ce que je fais ici. Je continue mon parcours au hasard, prenant une multitude de photos. Je suis tombé amoureux de ce village magnifique et me prends à rêver de venir m'installer ici, à élever du bétail ou cultiver un champs. On verra, who knows ? :o)

Vers 10h30, il semble que la cérémonie du matin est terminée et Babacar et ses acolytes réapparaissent (après avoir disparus toute la matinée à l'intérieur de la maison). C'est le branle-bas de combat. Dans l'agitation générale, une cinquantaine de femmes chargent leurs bagages et prennent place dans le bus que Babacar a loué pour l'occasion afin d'emmener la famille d'Adama jusqu'à Dakar. On aurait dit qu'elles prenaient des bagages pour 2 semaines, on ne comprenait pas la raison de prendre autant de sacs et de valises. C'est la cohue car il n'y a pas assez de place pour tout le monde, il faut faire un choix sur qui va accompagner Adama jusqu'à la capitale. Je rappelle que seules les femmes viennent. Quant à Babacar et Adama, toujours couverte du drap, ils prennent place dans la Mercedes du Bour du Rip qui va ouvrir le convoi.

Il est déjà 11h30 lorsque nous nous mettons en route. Cécile, Nabil et moi faisons partie des 8 passagers du taxi-brousse: ce n'est pas une Renault Espace, ni une 807, mais notre Peugeot 504 :o) Le voyage s'annonce long, très long: 600 km de routes africaines à 8 dans un break, sans air conditionné... Le thé ne fait plus effet et après cette nuit blanche, ils nous est difficile à tous de garder les yeux ouverts. Je discute un peu avec une cousine d'Adama pour essayer d'en apprendre plus sur la Casamance. Cette superbe région, divisée en quatre Royaume, était encore il y a peu le théâtre d'une guerre entre des rebelles indépendantistes et le gouvernement, qui a duré de 1982 à 2004 (!!). Sur la fin, on a même vu apparaître une rebellion au sein de la première rebellion (notion toute africaine), entre les rebelles partisans de la paix et ceux qui étaient contre. Bien que cette région ait récemment retrouvé un calme relatif, certains rebelles dissidents oeuvrent toujours, mais ils font plus office de bandits de grand chemin que d'indépendantistes à la noble cause. Notre chauffeur nous explique qu'il y a à peine un mois, tout près d'où nous nous trouvions, il est tombé dans une embuscade tendue par ces bandits qui lui ont pris son GSM et son argent avant de dévaliser ses clients. Voilà qui rassure!
Pire, ces rebelles ont versé pendant toutes ces années de guerre des milliers de mines anti-personnelles dans les champs, forêts et chemins autour des villages. Ces mines mutilent chaque année des dizaines de victimes parmi les villageois casacés, femmes, enfants, hommes, dont le seul tort est de se rendre à leur travail ou d'aller cultiver leurs champs.
Malgré ça, la Casamance reste une destination prisée et est considérée par beaucoup comme la plus belle région du Sénégal. Je regrette de ne pas avoir pu la visiter plus en profondeur, mais dès que j'en aurai l'occasion, j'y retournerais certainement.

Entretemps, ces discussion nous mènent déjà à la frontière Gambienne. Nous commençons à être habitués aux manèges des passeports et bakchichs, la route se passe sans encombre. Nous avons beaucoup de chance, nous arrivons à prendre le bac pour traverser le fleuve Gambie sans devoir attendre. Il y a relativement peu de trafic aujourd'hui. Ndiogou nous explique qu'il lui est déjà arrivé d'attendre UNE journée entière avant de pouvoir traverser le fleuve à bord du ferry. Arrivés de l'autre côté, il nous reste encore plusieurs kilomètres avant de déjà rejoindre l'autre frontière. Le garde-frontière gambien me demande si Cécile est ma femme. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous depuis le début du voyage ? Partout où nous allons, on n'arrête pas de nous prendre pour mari et femme. Quel beau couple dépareillé 8-) Certains nous souhaitent même un bon voyage de noces... ;-) Mais il faut dire ce qui est, Cécile remporte un succès certain au Sénégal et maintenant également en Gambie.
Quant au douanier sénégalais, il déclare en toute franchise à Cécile qu'il rêve d'épouser une femme française ! Cécile lui répond qu'en Europe, on a droit qu'à une seule épouse. Le douanier nous demande avec un brin d'espoir (et d'humour) si il est possible de "passer à gauche". Cécile lui dit "Ni à gauche, ni à droite, ni tout droit!". Et le douanier de conclure, dépité : "Ha bon? Pas de deuxième bureau alors ?".
Haaaa que la vie est dure en Europe...

Nous faisons une courte escale à Nioro et puis traçons jusque Dakar puisqu'on nous y attend au plus tôt. Manque de chance et coup du sort, la Mercedes qui transportait le couple de jeunes mariés a à nouveau connu une panne mécanique. Nous les dépassons, nous ne pouvons rien faire pour eux, ils ont appelé le mécanicien. A part cela, le reste du voyage se passe pas trop mal pour nous, le sommeil accélérant notre perception du temps, mais pas assez à mon goût. Impossible de dormir correctement dans ce taxi-brousse, à peine est-il possible de somnoler, assis, la tête dodelinant dans tous les sens. Inutile de résumer ce voyage de 600 km qui nous a pris la majeure partie de la journée.

Nous arrivons enfin à Dakar en fin d'après-midi, épuisés. On nous dépose d'abord, Cécile et moi (Nabil étant retourné à son hôtel) chez la cousine d'Adama où nous nous restaurons. Une heure plus tard, nous rejoignons notre maison d'accueil (à Baobab) afin de prendre la meilleure douche de toute la semaine! Ma peau est rouge de poussière, mes narines sont noires, mes cheveux tiennent debout tout seul. J'ai trouvé le meilleur gel naturel: 2 jours à 40°c à suer et prendre la poussière dans la brousse et... les cheveux deviennent secs comme de la paille et tiennent debout tout seul avec un naturel déconcertant. Extraordinaire! J'aime assez bien mon nouveau look de bourlingueur barbu ;-)

Après ce rafraîchissement nécessaire, nous apprenons qu'Adama et Babacar sont enfin arrivés à la maison, avec 3 heures de retard sur nous. Cécile et moi allons donc à Sacré Coeur car bien que la nuit soit déjà tombée, la journée est encore loin d'être finie: il reste encore un cérémonial traditionnel pour conclure le mariage. Lorsque nous arrivons, je suis surpris de voir monté juste devant la maison une tonnelle pouvant facilement accueillir une cinquantaine de personnes. Nous rentrons, beaucoup de monde de la famille de Babacar se trouve là. Je vais ci et là, parlant avec quelques personnes. Dans le garage se trouvent des femmes en train de cuisiner dans d'énormes casseroles (chaudrons ?) : en comptant la famille d'Adama qui arrive, il s'agit quand même de faire à manger pour une centaine de personnes !!! Je discute avec ces femmes qui me disent qu'elles sont les griottes "officielles" de la famille de Babacar, et que ce dernier descend d'une grande famille. Elles me répètent sans cesse qu'elles sont les griottes et que plus tard dans la soirée, il faudra que je leur donne de l'argent. Je le leur promets, afin de pouvoir m'en séparer ;-)

Pour passer un peu le temps, je me mets derrière le PC afin de raconter mes dernières journées exaltantes sur ce blog. Soudain, je me rends compte qu'il n'y a quasi plus personne à l'intérieur. Je m'enquiers de ce monde disparu: seules les femmes de la famille de Babacar sont restées à l'intérieur et se sont réunies dans la cour, barricadées derrière la porte d'entrée. Une forte agitation règne. Je sors par le garage pour voir ce qu'il se passe à l'extérieur. Les hommes quant à eux sont tous dehors, de l'autre côté de la porte, dans la même agitation. A ce moment nous assistons à une négociation entre les hommes laissés dehors et les femmes ne voulant pas les laisser entrer. Comme je l'ai déjà dit, ici la négociation et l'argent sont un jeu, j'en ai encore la preuve devant moi. Les hommes proposent 10000 CFA pour entrer alors que les femmes en exigent 50000 :o) La négociation se poursuit avec âpreté mais dans la bonne humeur et Moustapha le Capitaine, habile négociateur, arrive à faire ouvrir la porte pour 25000 CFA!

J'apprends en fait que Babacar se trouve dans une chambre à l'intérieur et que Adama est bloquée à l'extérieur. Les femmes exigent une somme d'argent pour la faire entrer, en guise de dédommagement du fait qu'une nouvelle rivale va s'installer dans la maison !
Dans la culture wolof, il est également courant d'insulter la nouvelle épouse lors de son arrivée dans la famille. Cette pratique qui peut nous sembler dégradante vise en fait à lui enlever son orgueil en la rabaissant et la préparer à la vie dure à venir. Je précise que ce ne fût pas le cas ici et qu'Adama ne fût pas insultée. Heureusement !

Après la négociation, Adama entre et rejoint son mari dans la chambre. Cette cérémonie se passe à huis clos, seule 2-3 personnes supplémentaires (dont le cousin de Babacar) peuvent se trouver dans la chambre. Un plat avec du lait et du mil se trouve au milieu; une dispute sous forme de course de vitesse s'ensuit (pour du rire !) et c'est celui des deux mariés qui avale la première cuillère de mil qui sera le dominant du couple (celui qui porte la culotte quoi) ! Inutile de préciser que c'est Babs qui a eu la première cuillère ;-) Après cela, les amoureux s'échangent une cuillère de mil.

Au dehors, la soirée se poursuit dans la bonne humeur et les griottes chantent... Le bus transportant la famille d'Adama arrive enfin. Le père de Babacar a prévu un demi-veau de 52 kg pour le repas!

mercredi, novembre 22, 2006

J'écris j'écris ;-)

Vite un p'tit post simplement pour m'excuser auprès de ceux qui veulent connaître au plus vite la fin du séjour. J'ai déjà promis de finir ce blog pour la semaine dernière (horaire sénégalais ;-) mais mon train de vie belge me laisse peu de temps à l'écriture.
Je promets néanmoins de finir ce blog au plus vite, d'autant plus que Babacar m'a dit qu'une fois le blog terminé, je serai invité à manger chez lui, ce qui me motive encore plus! :o)

Allez, j'ai encore 3 jours à raconter et je dois rajouter toutes les photos puis ce sera enfin terminé! Je vous tiens au courant...

Philippe

Jeudi 9 novembre, 40°c: Du Sénégal au Sénégal en passant par la Gambie

Jeudi 9 novembre, 40°c: Du Sénégal au Sénégal en passant par la Gambie

Alors que nous étions censé arriver relativement tôt (notion sénégalaise assez floue ;-) au village, nous nous réveillons péniblement vers 10h. Aujourd'hui, il va faire 40°c.

N.B.: un proverbe africain nous rappelle que: "En Afrique, le temps est élastique". Ce n'est que trop vrai, et j'ai peur d'en faire mon adage en Belgique...

Le temps de prendre notre déjeuner, la Mercedes sur laquelle le mécano travaille est censée être réparée. Inch'Allah comme on dit ici. Notre Peugeot 504 de la veille étant repartie pour Dakar, nous prenons possession d'une autre 504 (avec chauffeur) tout aussi crapuleuse, avec des petits détails à la Mad Max qui sont censés la rendre plus sportive et/ou agressive (je vous laisse juger sur la photo).

La première étape de cette matinée est d'aller à l'école de Nioro, dont une des tantes de Babacar est la directrice, pour offrir les nombreuses fournitures scolaires et ballons de foot offerts par tous les membres de l'équipe Billing du projet NRP (Electrabel). La réaction a été extraordinaire. J'aurais voulu que les gens qui ont participé à ces dons soient là pour voir le bonheur des instituteurs et des enfants. On nous a fait asseoir sur une petite esplanade et nous avons eu droit à un discours de remerciements de la part des instituteurs qui étaient vraiment émus et n'ont pas arrêté de nous remercier pour ce geste. Quand on voit ça, on regrette simplement de ne pas avoir pris plus de bics et de cahiers. Surtout quand on voit le peu de moyens à leur disposition.

Quand nous sommes arrivés, les enfants se sont approchés, puis lorsqu'une des fillettes plus téméraire a osé me serrer la main, ils se sont tous précipités sur nous en criant et en riant, débordant de joie, désirant à tout prix serrer la main des toubabs. Et lorsque nous sortions les appareils photo, c'était encore plus le délire général dans la cour de récré, chacun voulant absolument être sur la photo. Photo qui, dès que montrée grâce à la merveilleuse technologie des numériques, suscitaient autant d'étonnements que de rires. C'était tout simplement un moment merveilleux et émouvant.

Les ballons de foot firent autant d'émules et nous avons eu droit à quelques démonstrations de jonglage de la part de garçons d'une dizaine d'années certainement futurs footballeurs professionnels.

Pris par le temps (élastique, mais pas à l'infini) et nous promettant de revenir avec encore plus de fournitures la prochaine fois, nous quittâmes l'école, poursuivis par une horde d'enfants courant derrière la voiture en nous saluant de la main...

Nous rejoignons le Capitaine qui a récupéré son char d'assaut avec lequel il fait quelques tours de piste histoire de vérifier que la réparation est plus ou moins correcte...

Tout semble OK, l'aventure continue. L'équipe est comme d'habitude dispatchée entre les deux voitures et nous quittons Nioro, direction : la Gambie ! Destination : la Casamance ! Si vous regardez une carte du Sénégal (j'espère que vous l'avez quand même fait depuis que vous avez commencé à lire ce blog !), vous verrez que la Gambie est un petit pays enclavé dans le Sénégal, et qui s'étire le long du fleuve Gambie (d'où son nom, ha ha !). Son seul contact avec l'extérieur est sa côte Atlantique, et elle est fortement dépendante du Sénégal.

Le village où nous allons, et la Casamance en général, se trouvant juste en dessous de cette Gambie, il est donc plus simple de traverser ce pays en largeur plutôt que de le contourner. Contourner la Gambie prendrait plus ou moins 2 jours de route tandis que sa traversée prend au mieux quelques heures (au pire une journée en fonction des embouteillages). Nous devons néanmoins traverser le fleuve Gambie avec le bac (un ferry) , il n'y a visiblement aucun pont.

Nous arrivons à la frontière ; à partir de là va commencer tout un manège de « montrage » de passeport accompagné de quelques pièces ou billets. D'abord signer le registre de sortie du Sénégal et faire mettre un joli cachet dans son passeport. Ensuite, faire 500m, entrée en Gambie : un cachet dans le passeport en échange de 2000 CFA. On repart, 1000 m, puis on doit à nouveau s'arrêter pour acheter un droit de circulation sur leur territoire. 500 m, checkpoint militaire : on nous laisse passer, mais il faut « offrir » un thé au soldat.

En Gambie, ancienne colonie britannique, la langue officielle est l'anglais, mais tout comme au Sénégal, la langue véhiculaire est le wolof. Ça facilite énormément les choses lorsqu'il faut négocier les bakchichs.

Les routes sont asphaltées et en relatif bon état, mais quand même truffée de nids de poule et surtout couverte d'une terre rouge poussiéreuse qui supprime toute visibilité lorsqu'on se retrouve derrière une autre voiture.

Chose la plus étonnante : alors que la Gambie est enclavée dans le Sénégal, et par définition ne devrait être que sa continuité, les paysages sont totalement différents et on « sent » qu'on est dans un pays différent. Ce pays ne me laisse pas une très bonne impression et je suis content de devoir seulement le traverser sans y séjourner. C'est peut-être une fausse image, il m'est difficile de juger alors que je n'ai connu ce pays que quelques heures. Mais même les Sénégalais semblent ne pas porter ce pays dans leur cœur, à écouter les critiques qu'ils en font. Pour eux, les douaniers et policiers gambiens ne sont que des bandits déguisés.

D'ailleurs, à l'approche du fleuve, sous prétexte que nous ne nous sommes pas arrêtés exactement au panneau stop, un policier nous met une pseudo amende de 500 CFA. Nous arrivons enfin au fleuve, le bac n'est pas encore là et nous faisons une pause boisson en l'attendant, harcelés par les vendeurs ambulants qui veulent absolument nous vendre des essuies, des lampes de poche, du Viagra et autres médicaments. Je bois une gorgée de mon Coca et je sens quelque chose en bouche, je recrache directement. Une guêpe s'était glissée dans ma canette ; si elle avait piqué à l'intérieur de ma gorge, et vu le nombre d'hôpitaux au km² en Gambie, je ne serais certainement plus là pour écrire ceci…

Le bac arrive enfin, on charge les voitures et on monte à bord. La traversée est très courte (+/- 5 minutes). De l'autre côté, la route donnant sur le fleuve est en partie inondée et je suis toujours étonné de voir tous ces véhicules passer sans s'embourber (mais sans manquer de racler leur bas de caisse sur le sol rocailleux immergé). On se fait à nouveau arrêter pour je ne sais quel fausse raison.

Nous longeons quelques rizières situées à proximité du fleuve ; il ne reste plus beaucoup de chemin. Arrivés à la frontière, le manège recommence : cachet passeport, payer pour sortir de la Gambie, rentrer au Sénégal.

Nous voilà enfin en Casamance. Là également, à ma plus grande surprise, les paysages sont très différents de ceux vus auparavant. La Casamance est réputée pour être une des plus belles régions du Sénégal. Cela est certainement du au climat fort humide : il y pleut beaucoup, il y a de nombreux puits, tout cela explique la végétation luxuriante, le vert permanent, les nombreux arbres fruitiers et les cultures qui poussent sans problème.

Le village d'Adama n'est plus très loin. Nous nous arrêtons au marché car Babacar, pour respecter les traditions, doit venir au village avec entre autres du tissu, une chèvre et un sac de noix de Kola. Les noix de Kola sont très importantes au Sénégal et symbolise l'amitié.

On attache la chèvre sur le toit de la 504 puis on se dirige vers le village par de petites routes de sable qui nous rappelle notre épisode de la veille (la perte de la ligne d'échappement). Nous croisons quelques enfants qui nous regardent bizarrement, ils n'avaient jamais vu de Blanc.

Enfin arrivée au village de Tankon, vers 17h, après 3-4 heures de route. Et là, c'est la révélation. Nous entrons dans un superbe village de cases, authentiquement africain, ni électricité ni eau courante, je pénètre dans un autre monde (encore un monde différent du reste du Sénégal, qui constituait déjà pour nous, Occidentaux, un monde très différent), j'ai pris une machine à voyager dans le temps, je ne sais pas où je suis, mais je suis bien.

Je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie, mais je peux dire à tous ceux que Babacar a invités à son mariage et qui ont décliné pour de fausses raisons (« je n'ai plus de congé », « je n'ai plus d'argent », « je n'ai pas envie », « j'ai déjà un cinéma de prévu le week-end du 4 », …) que vous avez raté quelque chose d'unique, quelque chose qu'on ne vit qu'une fois dans une vie, une expérience que vous ne vivrez peut-être jamais (à moins d'avoir un autre ami sénégalais qui se marie traditionnellement avec une femme originaire d'un petit village en Casamance ;-)

Nous sommes accueillis par des villageois, et nous entrons dans la maison de l'oncle d'Adama, qui sera notre hôte. Nous nous couchons, on nous offre à boire, les gens défilent pour venir nous saluer. Les sages du village viennent voir Babacar, qui offrent les noix de kola. Les négociations commencent ; je ne comprends rien, tout est en wolof, mais ils discutent du mariage, des modalités, de la tradition (la tradition de mariage dans ce village est différente de la tradition que Babacar connaît dans sa famille), des épreuves que Babacar aura à remplir. D'après ce que je crois comprendre, Babacar doit donner de l'argent à des couturières pour faire un boubou à partir du tissu qu'il a apporté ; il doit également donner de l'argent à d'autres personnes, je ne sais pas très bien pourquoi. Ici, tout se marchande, tout s'achète, tout se vend, c'est un jeu. Les sommes sont généralement petites (de l'ordre de 1000 CFA) et donc symboliques, mais il est traditionnel de donner de l'argent pour tel service ou telle marchandise.

Les palabres vont encore continuer longtemps et Cécile et moi décidons d'aller visiter le village, avec un guide. Notre guide est étudiant en philosophie à Dakar, et est rentré à Tankon pour les vacances. Comme je disais plus haut, c'est magnifique. Les chemins de sable bordent les cases et les propriétés clôturées par d'inégales barrières en bois. Dans ce village habitent 2000 habitants ; il n'a pas l'air comme ça, mais il est très grand. Ici, tout est calme, c'est propre, c'est tranquille; quand on arrive de Dakar, c'est tout simplement le paradis. Les villageois sont accueillants, nous font entrer dans leur case, nous montrent leurs cultures, nous donnent quelques explications. La communication n'est pas toujours facile car peu parlent le français. Alors que nous entrons dans une case, nous entendons de la musique s'échapper d'une chaîne hi-fi. Mais comment font-ils sans électricité ??? Et là, ils nous montrent une batterie de voiture, connectée à la chaîne. Y a pas à dire, ils sont débrouillards ;-) Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Quelle n'est pas notre tête quand nous voyons, s'échappant de la végétation et bordant un chemin de sable, un… lampadaire d'éclairage public ! Ingénieusement alimenté par un panneau solaire (pivotant en fonction du soleil).

Nous continuons notre visite. Le village est autonome et vit en quasi-autarcie : ici on cultive le manioc, le mil, le maïs, l'arachide, les piments, les tomates, les mangues, les goyaves, les papayes, les bananes et j'en passe, sans compter le « pain de singe », le fruit du baobab (qui ressemble à d'énormes testicules, raison pour laquelle j'ai rebaptisé le baobab « l'arbre à couilles »). Ils élèvent également du bétail : moutons, chèvres, bœufs, poules pour se nourrir ainsi que chevaux et ânes pour se déplacer. L'excédent est commercé pour obtenir d'autres biens.

Pas question de communisme, chaque famille possède sa propriété, ses terres et son bétail.

Les cases sont comme on les imagine : ronde, avec des murs d'argile et des toits en paille. Les puits sont nombreux dans cette région riche en eau, et les habitants bénéficient en plus d'un forage, apportant de l'eau via un robinet public (le seul robinet du village).

Tout le monde se déplace à pied ou en charrette tirée par un âne. Nous croisons même de jeunes bergers d'une huitaine d'années galopant habilement à toute vitesse sur des chevaux sans selle. Pas de gaz d'échappement (ça fait du bien), mais le pendant animal : quelques crottes jonchent les chemins.

Les villageois sont agréables et avenants. Par respect, je n'ose pas les prendre en photo, mais c'est eux-mêmes qui demandent : « Toubab, photo ». La plupart des enfants ici n'ont jamais vu de Blanc de leur vie, vous imaginez donc leur surprise en voyant des hommes d'une couleur différente. Beaucoup sont curieux, parfois inquiets. Certains n'osent pas nous approcher et reculent, d'autres viennent tout sourire pour nous toucher, mais la majorité se contentent de nous suivre. Au cours de la promenade, nous étions tout le temps suivis par un groupe d'enfants, les nouveaux remplaçant ceux qui s'étaient lassés.

Nous avons également vu le hangar dans lequel sont stockées et torréfiées les arachides (l'arachide est la culture la plus importante au Sénégal), le premier dispensaire, une des mosquées, les puits, les fours (qui ressemblent aux fours à bois italiens),… Nous arrivons au nouveau dispensaire, construit « en dur », et bénéficiant de nombreux panneaux solaires sur le toit. A la sortie du dispensaire, nous sommes sur la « grande avenue » du village. L'école est en face, constituée de 3 bâtiments. Guidés par les tam-tam, nous arrivons à la maison de la famille de la mariée, où une centaine de personnes sont réunies, dans la cour intérieure, chantant, dansant… Nous y retrouvons la sœur d'Adama qui nous accueille à bras ouverts. Très honorés de notre présence, la foule s'écarte à notre passage et nous donne la meilleure place pour assister au « spectacle » de danse rituelle. Le danseur est accompagné par un « orchestre » de 4-5 personnes (tam-tam, sifflet, « banjo sénégalais », …) ; en nous voyant, il se met à danser pour nous, ne cessant de nous fixer. Nous nous sentons également honorés, face à tout cet engouement autour de nos personnes.

Au moment de partir, je me dirige vers le danseur et l'orchestre pour les remercier et je sers la main de chacun. Le danseur, face à moi, se met alors à danser. Yves le spécialiste de la danse sénégalaise n'étant point là, je me sens obligé de danser avec lui, devant l'hilarité générale :o) Je pense ne m'être pas trop mal débrouillé.

A nouveau, le soleil s'est couché trop vite et j'aurais voulu visiter le village plus en détails. Nous revenons à la case où se trouvent Babacar et les autres. Nous nous asseyons en rond dans la case et l'on nous apporte le repas. Cette fois-ci, on mange à la "roots style" ;-) = avec les mains. C'est une première pour nous, mais nous nous adaptons facilement à la tradition ;-) Le dessert se compose de semoule de mil avec du lait, mangé à la louche. Il est intéressant de noter que même dans le coin le plus reculé d'Afrique, on trouve toujours du Coca-Cola, Fanta et cigarettes. Haaaa les miracles de la mondialisation et les méfaits de l'américanisation ;-)

Après cette longue et très chaude journée, une petite douche s'impose. Au village, où il n'y a pas l'eau courante je rappelle, prendre une douche consiste à aller chercher de l'eau au puit, la mettre dans une bassine à l'arrière-cour d'une maison, et se rincer à l'aide d'une boîte à conserve, éclairé par une lampe-torche. Il faisait bon, et je me souviens que cette simplicité ne m'a pas semblé désagréable, au contraire. Je me suis même fait la réflexion, sans aucune ironie: "et dire qu'il y a des gens qui paient pour aller au Club Med!" ;-)

J'enfile mon nouveau boubou et je rejoins les autres, assis sur des matelas à l'extérieur. La suite du programme est assez floue, même pour Babacar, principal intéressé. A priori, il devrait être appelé au cours de la nuit pour passer certaines épreuves, ou chercher sa femme dans le village, ou participer à un conseil; mais personne ne sait vraiment ce qu'il va se passer, juste qu'on doit rester éveillés, et que Babacar ne peut pas quitter la propriété du cousin d'Adama. Ce sont les règles. Au loin la musique des tam-tams et les chants des griottes se font entendre, nous voudrions y participer mais Babacar ne pouvant pas y aller, nous préférons lui tenir compagnie, Cécile, Nabil, Moustapha et moi.

Pendant ce temps, des personnes de la famille d'Adama se succèdent auprès de Babacar pour le féliciter (toujours en échange d'un petit billet, telle le veut la coutume). Des griots viennent également chanter les louanges de Babacar et rappeler les exploits de ses ancêtres; nous avons également droit au chant d'un griot accompagné d'un instrument typiquement sénégalais et qui me fait penser à une sorte de banjo.

Entre deux visites et quelques thés verts plus tard, les discussions s'animent, surtout entre Cécile, Moustapha et Babacar, ces derniers essayant de convaincre (parfois avec malice et provocation ;-) Cécile des bienfaits de la polygamie. Cécile, qui se révèle être une féministe convaincue (Cécile, n'hésite pas à me contredire ;-) se défend bien et rentre dans le jeu. Nous avons droit à une joute verbale basée sur l'ouverture d'esprit et le dialogue. Nous nous amusons de ce petit jeu et n'hésitons pas à en remettre une couche. Moustapha, qui nous avoue fièrement avoir deux femmes et jusqu'à sept (7 !!!) maîtresses, ne tarit pas d'arguments prônant la polygamie. Je pense que c'est surtout une question de culture et d'éducation. Cécile aurait beaucoup plus à dire là-dessus :o) Cécile, qui se voit répondre "Tais-toi, tu n'es qu'une femme" de la part du Capitaine, non dénué de second degré.

La discussion se poursuit également sur les marabouts. Ces derniers sont très respectés, surtout en Casamance, et sont dotés de multiples pouvoirs, selon la croyance populaire. On nous relate donc des témoignages "sérieux", telle cette histoire de gris-gris qui empêcherait de se faire trouer la peau: Ndiogou a vu de ses propres yeux un homme portant ce gris-gris se faire poignarder mais impossible pour le couteau de rentrer dans le corps. La veille, le juge nous avait également raconté qu'il lui avait été impossible de lire un dossier en particulier, alors qu'il voyait clairement les objets se trouvant autour.

La discussion se calme, le Capitaine s'endort et nous restons là, couchés sur les matelas, à contempler la voûte céleste. J'avais rarement vu un ciel étoilé aussi beau, aussi pur. Nous n'en voyons jamais comme cela en Europe, simplement à cause de la pollution luminaire des grandes villes et de leurs éclairages. Toujours bercés par le son des tam-tams, nous comptons les étoiles filantes. Pour moi, cela constituait l'apogée de ce séjour, le plus beau moment (attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ;-) Tout était fortement appréciable et les différentes cérémonies de mariage valaient le coup d'être vécues, mais je dois dire que ce moment de calme dans ce village m'a particulièrement plu). J'aurais voulu partager ce moment incroyable avec les gens qui n'étaient pas là.

La nuit s'égrène, rythmée par le cérémonial du thé sénégalais, qui nous tient éveillés. Nous attendons toujours. Cécile et moi décidons de partir en éclaireur et d'aller voir ce qui se passe du côté des tam-tams. Alors que nous sommes un jour de semaine, à 3h du matin, encore plusieurs dizaines de villageois et d'enfants sont réunis autour des musiciens et des griottes, pour faire la fête, c'est tout simplement incroyable :o) Même dans le noir, on nous regarde bizarrement, nous les toubabs. Après avoir demandé nos prénoms, les griottes entonnent un chant en notre honneur, tout en essayant de nous faire danser. Nous restons une demi-heure à profiter de l'ambiance avant de revenir auprès de Babacar.

Babacar, qui nous demande, à Nabil et moi, si nous voulons une femme pour ce soir. Je n'en crois pas mes oreilles :-) Nous refusons poliment (rassure-toi Elise ;-) mais je lui demande pour quelle raison les Sénégalaises feraient ça, sans même nous connaître. Il me répond qu'il s'agit là d'un corollaire naturel de la fameuse "Teranga", l'hospitalité sénégalaise (sans limite visiblement). En tout cas Babacar, c'est gentil d'avoir proposé ;-)

La fatigue me gagne, je me couche. A ce moment, on vient prévenir Babs qu'on ne viendra finalement pas le chercher cette nuit et que nous pouvons aller nous coucher. Grosse déception, nous avons veillé toute la nuit. Mais c'était néanmoins la plus belle nuit de la semaine. Nous rentrons à l'intérieur pour nous protéger un brin des moustiques et autres bestioles. Chacun se couche mais impossible de trouver le sommeil, totalement excités par le thé sénégalais. Nous avons chacun bu 5-6 thés, très très forts. Ils nous fait l'effet de 10 Red-Bull ou 30 cafés de la machine à café Electrabel. Une idée de business me vient: distribuons du thé sénégalais chez Electrabel! Mais bon, en comptant une heure de préparation par thé, ça risque de coûter un peu cher.

Chacun se retourne dans tous les sens, vraiment impossible de dormir, mon coeur est à 120 battements par minute. Et Babacar se met à chanter, sur l'air du Petit navire: "Il était un petit toubab, il était un petit toubab, qui n'avait ja-ja-jamais bu de thé, qui n'avait ja-ja-jamais bu de thé, ohé ohé" :o))))

Je crois avoir réussi à m'endormir avec le soleil levant, vers 6h du matin, (heure à laquelle on était, dans le planning de départ, censé quitter le village pour rejoindre Dakar d'une traite ;-)

dimanche, novembre 12, 2006

Mercredi 8 novembre: Arrivée au royaume du Rip, rencontre avec une hyène et perte de pot d'échappement dans la savane

Ce mercredi 8 novembre, ça y est, c'est le grand départ, nous partons pour le centre du pays, dans la région du Rip. Le but est de rejoindre (demain) le village de la future épouse, en faisant d'abord une étape à Nioro, le village d'origine de Babacar.
Il fait savoir que Babacar descend d'une lignée royale ! En effet, son grand-père maternel était le Roi du Royaume du Rip; le Rip est une grande région qui s'étend de Kaolack jusqu'à la frontière gambienne.

Nioro du Rip est une ville du Sénégal, située à environ 60 km au sud-est de Kaolack sur la Route nationale n°4 et à 27 kilomètres de la Gambie . La ville est d'une importance capitale pour le pays; d'abord sur le plan historique, c'était la capitale du Rip (royaume du marabout roi Maba Diakhou Bâ). Plus d'infos ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Nioro_du_Rip
Le Roi du Rip se dit Bour du Rip en wolof.

Le planning de départ est lever à 6h afin d'arriver en début d'après-midi à Nioro. Malheureusement, le cousin de Babacar aka "Le Capitaine" aka "l'Esclave" aka Moustapha aka le Bour du Rip qui était censé tout organiser a un peu loosé sur ce coup: il n'a pas trouvé de voiture pour tous nous emmener. Babacar passe la nuit a chercher après son cousin qui ne répond pas, et passe ensuite la matinée à chercher une voiture correcte pour nous transporter. Devant l'offre de Hertz de nous louer un superbe minicar de 14 places avec air conditionné (il fait plus de 35°c !) pour la modique somme de ... 500.000 CFA, on se rabat finalement sur une superbe Peugeot 505 de collection, qui servira de seconde voiture (la première étant toujours la Mercedes du Capitaine).
Départ vers 13h, avec seulement 6h de retard sur le planning ;-)

Voyage long, mais sans encombre, qui nous fait voir l'intérieur du pays. On traverse une forêt de baobabs ainsi que de superbes régions dignes de toutes les cartes postales de la savane africaine. Nous apercevons de temps à autre de très petits villages africains de quelques cases seulement.

La route est en bon état jusqu'à Kaolack, ce qui n'empêche pas Moustapha de rouler sur des obstacles qui semblent endommager la voiture (on entend de méchants bruits de roulement venant d'une roue arrière). Là-bas, nous faisons une pause avant de repartir. Nous traversons des salines, exploitées sur le lac de Kaolack. Nous continuons notre chemin, fatigué je m'endors dans la voiture...

Nous arrivons tardivement à Nioro du Rip; de taille entre village et ville, je la qualifierais de ville rurale ou de village urbain. Nous nous arrêtons dans la maison familiale, où on nous sert le repas. Vers 18h, on reprend la Mercedes pour aller visiter le village de Ndiogou et offrir du matériel scolaire à son école. Là commence une nouvelle aventure car le village est fort reculé et seule une simple route de terre avec de profondes ornières permet d'y accéder. Genre un 4x4 est très vivement conseillé! Mais on s'en fout, on y va :o) Le chemin est en effet assez chaotique et en très mauvais état. On a droit à un superbe coucher de soleil dans la savane. On croise une charrette; on continue notre chemin et là on se retrouve quasi nez à nez avec... une hyène (une vraie! :o). Visiblement, elle suit la charrette en espérant peut-être faire d'un de ses occupants son repas du soir... Brrrrrr. Pas farouche, elle s'arrête et nous observe. Nous nous arrêtons, la prenons en photo (mais ça ne donne pas grand chose: flash pas assez puissant, on ne voit que ces deux yeux jaunes perçant l'obscurité, tel un maléfique djinn).

Nous redémarrons. Puis paf pastèque, la voiture rencontre un obstacle, cale net et nous sommes projetés en avant. Nous sortons de la voiture et on se rend compte qu'on s'est pris une souche d'arbre sur le bord. Plus inquiétant, le pot d'échappement est tombé. C'est pas grave, Moustapha et Ndiogou le refixe. Je ne peux s'empêcher de penser que la hyène n'est pas très loin derrière...
La voiture, plus costaude que jamais (superbe pub pour les Mercedes d'antan!) redémarre sans broncher, mais le Capitaine nous confirme que la direction a dû prendre un sale coup; en effet, le volant est difficilement contrôlable et la voiture bouge pas mal. On pense d'abord qu'une roue avant est voilée. Nous apprendrons le lendemain que l'essieu avant était carrément cassé et qu'il faudra le remplacer entièrement !!! Malgré ça, la voiture roule toujours.
La nuit est maintenant tombée (comme je le disais, c'est très rapide, en 30 minutes il fait nuit noire). Et nous continuons donc à suivre ce sentier perdu, nous croisons un troupeau de bétail et son berger, le village n'est pas loin.
Enfin nous y sommes, après une heure de brousse en berline. C'est un village traditionnel africain comme on l'imagine. Ce qui me frappe, c'est que même au fin fond de la brousse, il y a toujours une grande mosquée sur la place du village. A notre grand désespoir, il fait nuit noire et il est difficile de distinguer quoi que ce soit, dans ce village reculé et naturellement sans électricité. Nous faisons la connaissance des villageois et les saluons; puis à l'aide de lampes de poche, nous allons visiter l'école du village dont Ngiodou est le directeur. Ils ont deux classes "en dur" et encore deux classes sous un toit en paille. Nous rencontrons les six professeurs du village et discutons avec eux. Au Sénégal, les instits sont placés par le gouvernement, c'est pourquoi il arrive que des instits qui ont toujours vécu dans une grande ville comme Dakar se retrouve parfois en poste dans un village reculé à 500 km de leur famille, et sans les technologies auxquelles ils sont habitués. C'était le cas d'un des instits ici, qui nous confesse qu'il lui a fallu quelque temps pour s'adapter.

On n'a malheureusement pas le temps de rester car on nous attend encore pour manger. Au moment du départ, nous croisons des enfants qui n'avaient jamais vu de toubab. Ils nous dévisagent d'abord, puis ils se précipitent tous en même temps pour nous saluer et nous toucher. Vraiment incroyable! Nous repartons avec notre voiture brinquebalante, nous en avons encore pour une heure de route cahoteuse, et la voiture fait réellement un sale bruit mécanique. Après un bout de chemin, un bruit de frottement commence à se faire entendre, quelque chose traîne derrière la voiture, puis boum chkling. On s'arrête et on remarque que cette fois-ci, c'est la ligne d'échappement entière qui est tombée :o) Impossible à refixer ici, Moustapha et Ndiogou se débrouillent pour essayer de tout placer dans le coffre. Et moi de rire nerveusement du burlesque de la situation. C'est vraiment trop surréaliste! :o) On finit par rejoindre la route asphaltée, mais l'essieu avant étant toujours en souffrance, on ne dépasse pas les 20 km/h, dans un bruit d'échappement assourdissant.

Miracle ou maraboutisme, on croise sur la route (totalement déserte) le mécanicien du Capitaine. Le Capitaine qui nous certifie que c'est le destin qui l'a placé sur la route (pourquoi pas ;-) Le mécano va prendre la voiture et la réparer demain matin car nous devons partir tôt pour rejoindre le village de la dulcinée!

On atteint enfin Nioro et on rejoint Babacar qui s'effondre devant l'état de la voiture: on devait la prendre pour partir à l'aube et aller en Casamance. Tout son planning européen (départ à 6h) tombe à l'eau. Je me rends compte que les roues avant de la Mercedes forment un angle de 20-30° vers l'extérieur... L'essieu doit vraiment être salement arrangé. Le plus incroyable est qu'elle a tenu. Encore un peu, on restait coincé dans la brousse et on dormait dedans!

Trêve de bavardage, il est déjà 22h et nous sommes attendus chez les invités d'honneur du mariage: un couple d'amis d'Adama. Toute l'équipe est là: Babacar, Nabil, Cécile, Moustapha, Ndiogou et moi. Ils avaient préparé une table à l'occidentale (avec des assiettes, des couverts et des verres), c'est la première fois depuis le séjour, mais en bon néo-sénégalais, nous avons préféré manger notre couscous (marocain) de façon authentique ;-). Nous avons terminé le repas avec du couscous sénégalais ; il est différent du couscous marocain, dont la semoule est à base de farine de blé, tandis que le couscous sénégalais est à base de farine de mil. Je trouve ce dernier plus sec et surtout plus lourd. Ensuite, nos hôtes nous font passer des albums de photos de leur mariage et du baptême de leurs enfants. Le chef de famille, dont les portraits ornent les murs du salon, a fait des études de droit et est devenu président du tribunal de Nioro. Au moment de quitter, vers minuit, il nous propose de faire une courte visite de la ville (by night). Il n'y a pas beaucoup d'animation (pas de bar, pas de boîte, c'est très rural) mais nous voyons les endroits importants de Nioro. Et nous terminons au... tribunal: il réveille le gardien pour nous faire visiter. Une fois dans le tribunal, Babacar prend naturellement place dans le box des accusés avant de jurer sur l'honneur qu'il dira toute la vérité, devant le président qui siège. Rien à voir :o)

La soirée prend fin. Babacar, à la sensibilité européenne, nous a gentiment réservé une chambre dans ce qui doit être le seul "hôtel" de la région. Nous prenons place dans nos chambres certes au confort spartiate, mais qui bénéficient d'une salle de bain correcte et de ventilateur de plafond, un luxe indispensable par cette chaleur.

Nabil et Moustapha prennent une chambre, Cécile et moi prenons la seconde. Babacar ne manque pas de nous rappeler: "Tout ce qui se fait au Sénégal reste au Sénégal". Merci Babacar, mais ce ne sera pas nécessaire. Je sais que dans tous les coins touristiques, on nous prend, Cécile et moi, pour un couple de jeunes mariés en voyage de noce, mais je jure que c'est resté platonique jusqu'au bout (Cécile ne me trouve pas assez dynamique ;-).

Après avoir chassé les crapauds locataires précédents, je me couche sur mon lit au coussin dur comme de la pierre. Le matelas s'enfonce de 20 cm sous mon poids et le lendemain matin, mon dos me fait savoir que j'ai dormi à même les planches de bois.

Etant en région tropicale et après avoir lu un peu de doc sur la malaria, cela m'a convaincu de ne pas vouloir attraper cette saloperie de maladie. Mais impossible de fixer la moustiquaire dans la chambre, je décide donc de me momifier avec, en espérant que ce sera quand même utile. Je me regarde et je me dis que je ressemble vraiment à la proie d'une araignée, entortillée dans son fil de soie, de la tête aux pieds.

Ainsi s'achève une nouvelle journée pleines d'aventures, d'anecdotes et de souvenirs...